La petite voiture, espèce en voie de disparition

La Renault Twingo III (ci-dessus) se vend moins bien que la Twingo II, laquelle se vendait moins bien que la Twingo de première génération. A l'heure où la marque au losange doit s'interroger sur la quatrième génération, il y a déjà une chose certaine, le partenariat actuel avec Daimler ne sera pas renouvelé. Lors de la conception de la Twingo III déjà, Renault avait bien vu que le segment A (les petites voitures d'environ 3,50 m) était en perte de vitesse. Il avait donc choisi de s'allier avec Daimler pour partager la plateforme des Smart Fortwo & Forfour. C'est donc cet accord qui ne sera pas reconduit, et on ignore encore tout de ce que sera la Twingo IV, si jamais elle existe. Car la chose n'a rien de certain. Déjà, Renault a arrêté de fabriquer la Twingo en conduite à droite. Les anglais ne peuvent donc plus en acheter.
Chez Opel, pas plus l'Adam (ci-dessus) que la Karl ne seront renouvelées. Elles vont toutes deux disparaitre. L'Adam cette année. Et qu'Opel ait intégré le groupe PSA ne change rien à la donne. PSA a récemment annoncé que son partenariat avec Toyota, par lequel les 2 constructeurs produisaient en commun la Citroën C1, la Peugeot 108 (ci-dessous) et la Toyota Aygo ne sera pas renouvelé. Citroën pourrait peut-être faire une électrique basique sur la base d'une future C3 raccourcie (plateforme PF1 de PSA), mais le projet parait difficile à rentabiliser. Volkswagen est parvenu au même constat.
La Volkswagen Up (ci-dessous) a été lancée à l'automne 2009. Elle a 2 sœurs, la Seat Mii et la Skoda Citigo, mais alors que le modèle va fêter ses 10 ans. Volkswagen ne travaille pas à une nouvelle génération. Un restyling, et un nouveau groupe propulseur électrique est prévu pour le modèle actuel, mais il n'y a rien au-delà. Les autos du segment B, Renault Clio ou Volkswagen Polo, se vendent très bien, mais les modèles de catégorie inférieure séduisent de moins en moins. Les constructeurs ont pourtant fait des efforts pour les rendre attrayantes. On se souvient de la Toyota iQ, une 4 places de 3 m de longueur, qui était un formidable tour de force de packaging. Mais cela n'a pas suffit pour qu'elle se trouve un public.

2 cas particuliers

Si on regarde les chiffres, il n'y a guère que 2 modèles de petites qui se vendent convenablement, et rapportent à leurs constructeurs, ce sont la Fiat 500 et la Mini (ci-dessous). On ajoute d'abord que la Mini est de moins en moins mini (du côté de son prix; aussi), mais surtout que ces autos sont des cas à part, avec une histoire, une image, voire même un statut de voiture-culte. Le client d'une Mini regarde peu la concurrence, il veut une Mini et rien d'autre. Et aucun autre constructeur ne peut concurrencer directement la Mini. Seuls Renault avec sa première Twingo, ou Ford avait sa Ka, dans les années 1990, avaient pu s'approcher de l'aura de la Mini, mais hélas pour eux, ils n'ont pas su maintenir cet atout, quand la renommée de la Mini a été habilement préservée, et même accrue.

Les automobilistes ne veulent plus de petites voitures

Les chiffres des immatriculations sont formels, les plus petits modèles se vendent de moins en moins bien. Nous voyons 2 explications à cette situation. La première est que plus que le prix d'achat est faible, plus le client cherche à comparer avec les alternatives à la voiture individuelle, comme les transports en commun, ou les nouveaux services d'autopartage, voire de voitures avec chauffeur à la demande (Uber & compagnie). Pour celui qui n'a pas un besoin quotidien, les habitants de la plupart des grandes villes peuvent se débrouiller autrement. On considérera aussi le marché de l'occasion, sans oublier l'élévation du niveau de vie. Une petite voiture d'accord, mais tout le monde veut l'air conditionné, le verrouillage automatique des portières, une bonne radio, un régulateur de vitesse, des vitres électriques... Les constructeurs savent répondre à cette demande de petites voitures bien équipées, mais... C'est évidemment au détriment du prix, lequel se rapproche des autos du segment supérieur.

Les constructeurs ne veulent plus de petites voitures

A côté du confort, les équipements de sécurité, imposés par la législation, ont connu une inflation galopante des derniers années. ABS, ESP, alerte de sous-gonflage des pneumatiques, airbags, système Ecall d'alerte des secours en cas d'accident, bientôt le freinage automatique, la caméra de recul... Il devient de plus en plus difficile de construire une voiture pas chère. La Mini sera sans doute prochainement la seule petite rentable pour son constructeur, précisément parce qu'elle est chère ! Car le problème est insoluble. Qui dit petite voiture dit petit prix, mais les équipements de confort et de sécurité attendus ajoutent des coûts difficilement compressibles.

L'avenir

Daihatsu, le spécialiste japonais des petites voitures, avait senti le vent tourner. Il avait quitté l'Europe en 2011. Smart (ci-dessus) cependant va rester, mais ce n'est pas parce que sa petite Fortwo rencontre un grand succès. Actuellement, qu'importe que les voitures soient vendues sans aucune marge, puisque le groupe Daimler en a besoin, pour contre balancer du point de vue européen, les émissions de CO2 des grosses limousines Mercedes. Pour tous les autres modèles, l'avenir se rétrécit. Une piste serait que toutes les petites voitures deviennent électriques, mais il y a l'énorme obstacle du prix. Certains analystes prédisent avec optimisme que les électriques seront prochainement au même prix que les thermiques, mais on en est encore très loin. Une Smart électrique débute à 23 250 € (bonus de l'état non déduit), c'est loin des 10 550 € d'une Citroën C1.

Les chinois feront la loi en Europe

Si vendre une petite voiture sur le seul marché européen ne permet plus de rentabiliser un modèle parce que le potentiel de ventes est trop faible, il reste l'option des voitures destinées en premier lieu aux marchés asiatiques (Chine et Inde), comme la Suzuki Swift (ci-dessus) ou la Ford Ka+. Les voitures seront conçues pour ces marchés émergents, et s'il est possible de bâtir un business-plan valable pour l'Europe, elles y seront importées. Mais que personne n'attende là l'arrivée de nouveaux constructeurs. Le budget marketing et communication pour lancer une nouvelle marque en Europe impose d'y vendre des modèles chers.

Le point de vue de l'écologiste

A priori, il y aurait de quoi s'alarmer. Les voitures deviennent de plus en plus grosses et de plus en plus chères, mais... Ce n'est pas un mal, puisque ce n'est plus la simplicité ni un prix modique qui fait qu'une voiture est sobre, mais sa technologie. On le sait bien à MoteurNature, puisque nous avons essayé la Renault Twingo, comme la Volkswagen Up. Des petites autos pas chères, avec une technologie simple et facile à réparer. Hélas pour elles, une voiture bien plus grosse et plus chère comme la Toyota Prius consomme nettement moins. C'est d'ailleurs ce besoin d'une technologie sophistiquée et coûteuse, imposée par la législation européenne, qui condamne les petites voitures pas chères. Mais si les voitures deviennent plus sobres, c'est là l'essentiel.






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