Tesla Cybertruck, la première vraie Tesla
La première voiture à porter le nom de Tesla n'était pas une vraie Tesla, puisqu'elle était une Lotus électrifiée. Il fallut attendre la Model S pour voir la première Tesla originale, et nombre de commentateurs (dont
MoteurNature) critiquèrent son design. Pas que l'auto était laide, non. Mais le designer de Tesla avait été débauché de chez Mazda, et la Model S ressemblait à une grosse Mazda. Aucune originalité. La dernière Peugeot 508, ou les Hyundai Sonata, ont des designs beaucoup plus audacieux. Les Tesla Model X ou Model 3 ensuite, sont des évolutions de la Model S, et aucune n'est laide, mais quel dommage (!), quand ces autos veulent révolutionner le monde avec leurs groupes propulseurs, que leur aspect extérieur ne témoigne pas de cette même volonté de tout changer.
Voici alors une nouvelle Tesla. Encore une nouvelle Tesla, pourrions-nous écrire, car nous avons vraiment le sentiment que ce constructeur vit dans un monde irréel, hors des contraintes habituelles de l'industrie, voire même de la normalité liée à n'importe quel gestion de projet. Qu'on nous permette de rappeler que Tesla a déjà récemment présenté un nouveau roadster, un poids lourd, et un crossover, la Model Y. 3 véhicules totalement distincts, qui ne pourront être fabriqués sur la même ligne de montage, dont aucun ne sera commercialisé avant l'année prochaine au mieux. La logique serait de se concentrer sur ces projets en cours pour les compléter, mais comme Tesla ne sait rien faire comme tout le monde, ils présentent déjà un quatrième futur modèle. Comme si un couple qui venait de se marier, cherchait déjà la couleur de la chambre de leur quatrième enfant...
Cette quatrième Tesla à venir (à une date non précisée, à priori 2022) est un pick-up, et là, nous pouvons enterrer toutes nors remarques sur le manque d'originalité du constructeur de Californie. Ils n'ont pas copié ! Mais... Ils ne se sont pas foulés. Le design d'une auto est habituellement fait de courbes. Quelques voitures utilisent des droites et sont superbes, par exemple la Lamborghini Countach. La Honda Civic de 2005 aussi était magnifique, elle utilisait beaucoup de lignes droites, mais pour aboutir à un résultat sensuel. Ce n'est absolument pas le cas ici. Il n'y a aucune sensualité dans le
Tesla Cybertruck. Même un Mercedes classe G, avec un physique d'armoire normande, a un design considérablement plus harmonieux, sophistiqué même. A la limite, on dirait un dessin d'écolier, par quelqu'un qui ne sait pas dessiner, et qui donc a dû recourir à se servir d'une règle. C'est brutal.
Brutaliste, comme disent les architectes pour définir les constructions tout béton qu'on faisait dans le bloc soviétique, dans les années 1960. Il y aura peu de gens pour trouver cela beau, notamment parce que cela manque de maturité. On peut trouver un certain charme à la monstruosité globale de l'auto, mais il fait arrondir les angles. Les designers doivent se remettre au travail.
Il n'est d'ailleurs pas impossible que la législation l'impose. Il est difficile d'être certain, les textes règlementaires sont complexes et on n'a pas toutes les dimensions (longueur et largeur seraient 5,89 m et 2,04 m), mais il y a des règlementations sur la protection des piétons en cas de choc pour lesquelles ce Cybertruck semble mal adapté. A voir... On peut cependant regarder ce Cybertruck comme la première vraie Tesla, dans le sens où lors du design de la Model S, si le designer n'avait fait preuve d'aucune originalité, peut-être parcequ'il s'agissait uniquement d'établir la validité de la propulsion électrique pour une berline traditionnelle. Ce cap étant atteint, voici la première Tesla dessinée sans aucun souci de respecter la moindre convention. Cela plaira peut-être aux militaires, encore que le VAB, la Volkswagen Iltis, la Mercedes classe G, ou même la vieille Jeep Willys, avaient des designs plus sophistiqués que ce Cybertruck.
Maintenant, la comparaison avec un engin militaire n'est pas anodine, puisque lors de la présentation de ce véhicule, il fut tenté de démontrer la solidité de la carrosserie et des vitres, et... Cela ne fut guère concluant. On reconnait bien là Tesla, parce que n'importe quel autre constructeur aurait fait un test avant de faire cette démonstration publique... La carrosserie serait plus solide que les vitres (!), et le constructeur d'annoncer qu'elle résiste aux balles. On peut tirer dessus avec un pistolet 9 mm. Nous ne sommes pas trop sûrs des motivations du constructeur, mais nous imaginons que d'un point de vue écologique, c'est une catastrophe. Simplement parce que pour qu'un tôle d'acier résiste aux impacts de balle, il faut qu'elle soit très épaisse (elle ferait 3 mm), donc très lourde. La réputation de Tesla de construire des voitures écologiques va en prendre un coup...
Aucun doute que même dans sa configuration de base, le Tesla Cybertruck passera la barre des 3 tonnes... Mais s'il faudra beaucoup de matière, le constructeur fera assurément des économies sur l'emboutissage, et la peinture. Tous les panneaux de carrosserie sont parfaitement plats ! Les vitres aussi ! C'est très loin d'être l'idéal pour l'aérodynamisme, et on peut aussi s'inquiéter des bruits d'air. Et comme sur les anciennes De Lorean, il n'y a pas de peinture. Toutes les autos seront donc identiques, sauf bien sûr à proposer la peinture en option, ce que Tesla fera très probablement.
S'agissant d'un pick-up, qui est souvent un véhicule de loisirs aux Etats-Unis, Tesla nous montre la possibilité de rentrer un quad dans la benne. Cela plaira aux amateurs, mais la suspensions arrière qui a l'air de s'afaisser sur les illustrations ne réjouira personne. Gageons que ce sera corrigé sur le modèle de série. L'usage camping est également possible, mais toujours dans un style anguleux qui ne fera pas l'unanimité... Sinon, mettre des rampes de chargement dans l'ouvrant arrière de la benne est une idée que tous les constructeurs de pick-up avaient rejeté jusqu'à ce jour, parce qu'elle limite les possibilités de surélever le pick-up, ce que beaucoup de gens aiment faire aux Etats-Unis. Sans compter que cela rajoute du poids, comme le volet roulant électrique qui peut recourvrir la benne électriquement. Et si on rentrer un quad (électrique, bien sûr) dans la benne, on remarquera que les suspensions arrières ont besoin d'être renforcées, il n'est pas normal de voir un tel affaissement, comme sur l'illustration ci-dessous. Ou sont-elles réglables ?
Au rayon des défauts maintenant, il faut probablement voir les spécialités de Tesla, comme les poignées de porte rétractables ou l'ensemble des commandes regroupées dans l'écran tactile central. Tout cela est bien pour une personne qui se rend de son domicile à son bureau, mais pour un ouvrier qui a les mains sales, qui a du plâtre sur les mains, ou si lors des vacances d'hiver, on porte des gants, l'écran tactile trouvera vite ses limites. Une grosse part de la clientèle des pick-ups sont des professionnels, il leur faut des véhicules qui résistent à toutes les salissures, et qu'on puisse conduire avec des mains sales.
Le Cybertruck est annoncé avec une seule forme de carrosserie, et 3 motorisations. Ce qui est très peu. Il suffit de regarder le catalogue d'un Ford F150 (dont le nombre de variantes est proprement ahurissant) pour s'en convaincre. le Cybertruck de base a un moteur électrique arrière, il accélère de 0 à 96 km/h en 6,5 secondes et a une autonomie de 400 km. La version intermédiaire ajoute un moteur électrique sur les roues avants, pour atteindre les 96 km/h en 4,5 secondes, avec une autonomie de 480 km. Quant à la meilleure version, avec 2 moteurs sur le train arrière, accélère de 0 à 96 km/h en 2,9 secondes, avec 800 km d'autonomie. Les capacités de la batterie n'ont pas été divulguées, mais il faut imaginer dans les 200 kWh... La batterie seule fera alors probablement une tonne.
Il n'y a aucun doute que ce Tesla Cybertruck est un petit exploit, puisqu'en dépit de caractéristiques à la limite du sensé, les tarifs restent concurrentiels. 39 900 ; 49 900 et 69 900 dollars selon la motorisation. La seule question est de savoir qui va acheter cela, puisque les amateurs traditionnels de véhicule électrique sont habitués à plus de modestie, tandis que la clientèle normale des pick-ups sera effrayée par le look, ou l'habitacle minimaliste. Mais aucun doute qu'il y a aura des fous pour en acheter, parce que ce véhicule est tellement dément qu'il en devient cool. Et puisque c'est zéro émission, pourquoi ne pas se faire plaisir ?
Laurent J. Masson
ADDENDUM : si le Tesla Cybertruck est disponible à la réservation en France, nous nous conseillons aux européens d'attendre avant de s'engager, jusqu'à ce qu'on soit sûr que le véhicule puisse recevoir une homologation européenne.
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