| Ses points forts Instrumentation complète Performances/consommation Rapport prix/prestations Présentation sympathique Longue garantie |
Ses points faibles Liaisons au sol à repenser Volant non réglable en profondeur Ordinateur de bord à faire taire Lisibilité du tableau de bord Ergonomie de l'écran central |
Tiens, une MG ! C'est nouveau, puisque c'est la première MG que nous essayons à MoteurNature, mais la marque n'est pas nouvelle pour autant. Ne la connaît-on pas tous ? Certains l'avaient cru éteinte, et c'est un fait que les petits roadsters qui ont fait sa renommée ont disparu (ils pourraient cependant revenir un jour...). Mais désormais aux mains de SAIC (Shanghai Automotive Industry Corporation), le premier groupe auto chinois (qui appartient à l'état, et qui a réalisé plus de 5 millions de ventes l'année dernière, c'est le 7ème constructeur mondial), la marque MG s'apprête à fêter ses 100 ans. Elle était revenue au Royaume-Uni en 2011, et la voici à la conquête de l'Europe, avec notamment cette ZS que nous essayons ce jour.
Cette ZS est un crossover compact (4,32x1,81x1,65 m). A titre de comparaison, nous rappellerons les dimensions de la Peugeot 2008 (4,30x1,77x1,55 m), et de la 3008 (4,45x1,84x1,63 m). Un peu plus gros qu'une 2008 donc, la différence majeure étant dans la hauteur. Si les Peugeot sont des crossovers, cette MG ZS mérite alors plutôt le qualificatif de SUV. Le modèle n'a cependant aucune prétention à sortir des routes goudronnées, c'est une simple traction avant, et ce n'est pas une pure électrique. En Chine et quelques autres marchés, la MG ZS existe en effet aussi en motorisation essence, mais sans doute pour devancer l'interdiction de 2035, seules les versions électriques sont disponibles en France, et ce n'est pas nous qui nous en plaindrons.
Le moteur fait 115 kW (156 ch) avec un couple de 280 Nm, et la batterie a une capacité de 70 kWh. Mazette ! La batterie est donc plus grosse que n'importe quelle voiture électrique française, puisque la meilleure Renault Megane E-Tech, plus ambitieuse mais il est vrai plus petite, ne dispose que de 60 kWh. Les chinois n'ont pas fait les choses à moitié, et s'il y en a qui doutent encore de leur capacité à concurrencer les constructeurs européens, cette MG prouve que plus personne ne doit douter. Le plus remarquable est que la masse n'est que de 1620 kg. Nous n'avons pas vérifié, mais cela signifie que l'auto est plus légère qu'une Volkswagen ID.3. L'autonomie est donc excellente à 440 km WLTP. Pour ce qui est de la recharge, cette ZS se rechargera jusqu'à 11 kW en courant alternatif, et jusqu'à 92 kW en courant continu. Parce que nous sommes difficiles, nous aurions apprécié une recharge rapide qui le soit encore plus, mais on passera ainsi de 5 à 80 % de charge en 40 minutes, ce qui conviendra déjà à beaucoup d'automobilistes. Et cerise sur le gâteau, cette auto est V2L. C'est l'abbréviation de Vehicle 2 Load, ce qui signifie concrètement qu'on peut tirer de l'électricité de l'auto, avec un courant jusqu'à 2500 watts. Ce sera pratique pour le pique-nique, où il n'y aura plus besoin de s'embêter avec des cartouches de butane, puisqu'on pourra brancher une plaque de cuisson électrique sur la voiture.
La voiture a été facile à trouver sur le parking, puisque notre voiture d'essai est d'un rouge ultra flashy comme on en voit peu sur une voiture neuve. On remarque d'abord la face avant toute verticale. En cas de choc avant, ce ne sera pas seulement le parechoc, mais tout l'avant qu'il faudra remplacer. On l'apprécie tout de même, quand tant d'autos aujourd'hui ont des lignes rondes et molles pour être aérodynamique, cette ZS affiche une forte personnalité. Tant mieux. A l'arrière, le gros logo MG sert d'ouverture pour le hayon, exactement comme sur une Volkswagen Golf, tandis qu'à l'avant, le même logo cache la prise pour recharger. Les feux sont 100 % LED sur sur toutes les versions, et les pneumatiques sont d'une hauteur confortable, en 215/55 R 17. On ouvre la porte avec enthousiasme.
L'intérieur révèle 4 places très confortables, un grand tient très bien à l'arrière, il y a de la place pour la tête, plus que dans une Megane E-Tech, et si le voyage n'est pas trop long, un adulte peut tout à fait être au milieu. Le coffre ? 448 litres, et jusqu'à 1100 litres en repliant les dossiers des sièges arrières. La voiture peut même tracter jusqu'à 500 kilos. Cela n'ira pas pour une caravane, mais cela permettra d'aller se débarrasser d'une remorque de déchets végétaux. Le meilleur, maintenant, et c'est le tableau de bord. Encore qu'il pourrait être plus ergonomique, mais ce qui importe, ce qui nous plaît grandement, est qu'il donne toutes les informations nécessaires. C'est la première fois que nous en voyons un aussi complet sur une voiture électrique. Indicateur de vitesse, proportion de l'énergie utilisée en pourcentage, compte-tours, tension et ampérage du courant en sortie de batterie (400V et 0A à l'arrêt, batterie pleine), niveau de charge de la batterie en pourcentage... Pourquoi toutes les voitures ne donnent pas ces informations indispensables pour l'automobiliste qui aime sa voiture, et qui veut comprendre comment elle fonctionne ?
La voiture est aussi très bien équipée, avec le siège conducteur réglable électriquement, l'ouverture des portes et le démarrage sans clé, le régulateur de vitesse adaptatif (qui en plus est intelligent, il signale si le véhicule devant est une moto, une voiture ou un camion), l'assistance au maintien dans la voie, un système qui est actuellement très désagréable, mais il est possible de le désactiver, et chose formidable, il ne se réactive pas à la mise sous contact suivante. Dommage que le réglage de la regenération ne fasse pas de même. Lors de la recharge, on pourra aussi apprécier les 3 informations données par le tableau de bord : le niveau de charge actuel, l'autonomie avec ce niveau de charge, et le temps restant pour atteindre une charge complète. Là aussi, toutes les voitures électriques devraient donner ces chiffres, mais elles ne le font pas. Alors, avantage à cette MG ZS, qui peut aussi se vanter d'une garantie de 7 ans, avec un kilométrage de 150 000 km, tout ceci pour 38 990 €, prix de la MG ZS EV Luxury Autonomie Etendue 70 kWh de cet essai.
Au volant, une déconvenue fut de constater qu'il n'était pas réglable en profondeur. En 2022, c'est un faux pas. Toutes les Renault Clio ont ce réglage depuis des années. Je serais tout de même parvenu à trouver une position de conduite acceptable, pour me permettre de trouver le gros défaut de la voiture : ses liaisons au sol. La direction déjà, n'est pas assez communicative, mais il y a malheureusement de plus en plus de voitures comme cela, avec les assistances électriques. Les capacités d'absorption des suspensions ensuite, sont insuffisantes. A allure soutenue surtout, les irrégularités de la chaussée font juste rebondir l'auto, elles ne sont pas amorties comme elles devraient l'être. Et sur l'autoroute, il faudra éviter les changements brusques de file de circulation. Les suspensions sont souples, la caisse penche vite, ce n'est pas du tout rassurant. Est-ce rédhibitoire ? Non, je n'irais pas jusque là. Il faut juste conduire calmement. La marque MG évoque un lointain souvenir de voitures sportives, même si ses autos ne l'ont jamais vraiment été, il faut oublier tout cela. Cette ZS est un SUV familial compact, il doit être conduit comme tel.
C'est d'autant plus facile qu'il y a beaucoup à aimer par ailleurs. Le tableau de bord m'a ainsi donné beaucoup de plaisir. A 10 000 tr/mn, la voiture roule exactement à 132 km/h. Je suis drôlement content de le savoir. Et l'indication de puissance ! Elle est très utile pour comprendre que la puissance ne sert que lors des accélérations. A 100 km/h stabilisés, l'auto n'a guère besoin que d'un dixième de sa puissance, mais j'en demande 100 % si j'écrase la pédale de droite pour atteindre les 130 km/h. Quand la batterie est chargée à 100 %, la tension du courant de sortie est de 400V. Déchargée à 21 %, la tension n'était plus que de 342V. L'ampèremètre est à 0 quand je suis à l'arrêt à un feu rouge, il grimpe jusqu'à 300A quand j'écrase l'accélérateur. Il indique aussi la regénération. Lors d'un freinage moyen, j'ai lu 37A. Pourquoi toutes les voitures électriques ne donnent-elles pas toutes ces informations ? Elles permettent au conducteur de comprendre comment fonctionne sa voiture, et donc de l'utiliser mieux.
Maintenant, à côté des ces informations utiles, il y en a aussi de totalement inutiles. J'ai pour règle, quand j'essaie une voiture, de ne jamais allumer la radio. Je fus estomaqué d'entendre la voiture me le faire remarquer. En milieu de journée, une voix venant du tableau de bord m'a dit "Il semblerait que vous ne vouliez rien jouer..." Ben, oui, et alors ? Si j'avais eu envie, j'aurais pu appuyer sur le bouton... Autres infos inutiles, au démarrage, l'ordinateur de bord parle pour donner la date du jour. Même en ne possédant qu'une intelligence moyenne, je sais presque toujours quel jour on est. L'ordinateur de bord dit ensuite la température extérieure, mais je me satisfais pleinement de l'affichage de cette donnée sur l'écran central, et enfin, l'ordinateur me dit le lieu où je me trouve. Cela pourrait être utile si j'étais devenu amnésique, ou si j'étais dans un état d'ébriété avancé, mais je suis un mec sérieux. Quand je suis ivre, je ne conduis que ma voiture personnelle, jamais l'auto que m'a prêté un constructeur. Il est peut-être possible de désactiver tout cela (cela m'a d'ailleurs été confirmé après coup), mais je n'ai pas trouvé comment. J'ai aussi été surpris de l'affichage sombre de la navigation. Habituellement, il y a un réglage jour/nuit, et j'avais pensé qu'il était sur nuit, mais je n'ai pas su trouver ce réglage. Il semblerait que l'affichage soit toujours sombre. Dernier grief contre l'ordinateur de bord, à plusieurs occasions, il a proféré des mots inintelligibles. Qu'on le fasse taire !
Avec une batterie d'une capacité de 69,9 kWh, je suis parti en confiance. L'autonomie WLTP est de 440 km, on peut rouler sans aucune angoisse de la panne d'électrons. Je fais comme toujours un test de consommation mini-maxi. Sur des petites routes normandes, en roulant le coude à la portière, mode vacances intégral, j'ai relevé une très bonne moyenne de 12,9 kWh/100 km. A ce rythme, l'autonomie en déchargeant jusqu'à 0% aurait été de 541 km. Très peu de voitures sont capables de faire mieux, et elles sont toutes nettement plus chères. Le bilan est un peu moins bon sur l'autoroute, même si je n'ai pu faire le test comme je l'avais prévu. Sur l'A13 en effet, en direction de Paris, peu après avoir passé Rouen, des panneaux indiquaient qu'à cause de la pollution ce jour là, la vitesse maximale autorisée était réduite à 110 km/h. Il est temps de changer cette loi stupide. Quand on roule en voiture zéro émission, les restrictions pour limiter la pollution sont hors-sujet. Je n'aurais donc pas pu faire mon test normal de plus de 100 km à 130 km/h... Mais j'aurais fait 40 km avec une moyenne de 125 km/h, et une consommation de 24 kWh/100 km. Je m'arrêtais pour prendre la photo après avoir parcouru une dizaine de km à 110 km/h, ma consommation moyenne était redescendu à 22,1 kWh/100 km, et cela reste satisfaisant. J'estime l'autonomie sur autoroute à 285 km, c'est plus que convenable.
Je n'ai jamais aimé les MG. J'aime les Triumph (les Jaguar et les Aston Martin, aussi). La seule MG que j'ai jamais aimé était la version sportive de la Rover 75. Cette MG chinoise, je ne savais vraiment pas quoi en penser avant d'en prendre le volant, mais je l'ai rendu en étant impressionné. Oui, les liaisons au sol sont complètement à revoir, mais l'ensemble moteur-batterie est supérieur à ce que fait Stellantis. Pour l'usage courant, voilà une auto zéro émission avec une banquette arrière accueillante, capable de plus de 400 km réels entre 2 recharges. Cette MG ZS est une championne du rapport prix/autonomie. Et à l'extérieur, on pourra brancher quelque accessoire électrique, puisque l'auto est V2L. Les constructeurs chinois doivent encore progresser, le produit n'est pas encore aussi léché que les réalisations européennes, mais... Il est déjà compétitif.
