Dacia Sandero SCe 65 ch - Essai détaillé - Les vertus de la simplicité
Ses points forts
Prix défiant toute concurrence
Simplicité mécanique
Consommation
Habitabilité digne d'un segment supérieur |
Ses points faibles
Puissance insuffisante
Insonorisation
Pas de version E85 |
Historique et présentation
Cela faisait un bout de temps qu'on se posait des questions sur la Sandero. Chez Peugeot, la 208 la moins chère est à 19 200 €. La Volkswagen Polo a passée la barre des 20 000 €, les Nissan Micra, Seat Ibiza et Toyota Yaris aussi. La Ford Fiesta n'existe plus. Il n'y a pas besoin d'être vieux pour se souvenir d'un temps où il y avait un bon choix de voitures à 15 000 € ou moins. Maintenant, on les compte sur les doigts. Avec sur le pouce, la Dacia Sandero. 11 990 € avec la finition de base
Essentiel, et 13 600 € dans la finition
Expression de notre voiture d'essai. Une Citroën Ami est encore moins cher, mais de loin, elle a l'air d'un pot de yaourt, et de près, on se demande si elle n'a pas été construite avec des vieux pots de yaourt recyclés. Alors que la Dacia Sandero, on en fait le tour, et... C'est une vraie voiture. A ce prix cependant, il ne faut pas attendre de miracles. La Dacia Sandero ne marche pas à l'hydrogène, ni à l'électricité, c'est une très classique petite voiture essence, sans aucune technologie particulière. Mais un écologiste ne peut la négliger pour autant, puisqu'avec un tarif très mesuré, elle laisse du budget pour faire des travaux d'isolation dans sa maison, voire installer des panneaux photovoltaïques sur son toit. Enfin, si on pense à l'énergie et aux émissions de CO2 lors de la production du véhicule, la simplicité de cette Sandero la rend considérablement plus verte que n'importe quelle électrique...
Technologie
La première Dacia Logan n'était pas au top de la technique. Les ingénieurs Renault avaient repris des pièces d'étagère, la plateforme d'une Clio d'ancienne génération, des moteurs avec l'alimentation la plus simple... Alors que cette Sandero a la même base technique que la dernière Clio. Oui, la Clio actuelle. C'est du tout bon, c'est du moderne. Il y a pourtant un fait inattendu, une désillusion même. Parce que si on regarde les 30 dernières années, les nouveaux modèles sont tous plus gros, plus lourds et plus puissants que les autos qui les ont précédées. Pas cette Dacia. La première Dacia Logan avait un 4 cylindres 1390 cm3 de 75 ch. Cette Sandero millésime 2023 n'a plus qu'un 3 cylindres 999 cm3 de 67 ch. C'est pas gras. On le voit même sous le capot. Il y a suffisament de place pour mettre un moteur 2 fois plus gros (d'ailleurs le constructeur en profite, au Brésil, il vend une version avec un 4 cylindres 1600 à l'éthanol). Il faut donc composer avec 95 Nm de couple. Rapporté à la masse, cela fait moins d'un Nm de couple 10 kg de voiture. C'est probablement la plus mauvaise valeur de toute la production automobile mondiale. Il y a aussi une version turbocompressée de ce même moteur, et même une version qui profite de la fraude fiscale légalisée du GPL, mais pour cet essai, nous voulions la Sandero la moins chère. Elle est affichée avec une consommation moyenne officielle de 5,3 l/100 km, et des émissions de CO2 de 120 g/km. Pour une essence hyper classique, avec une simple boite mécanique à 5 rapports, sans aucune sorte d'électrification, c'est correct.
Intérieur et équipement
Tout est noir, et tous les plastiques sont durs. Pour autant, l'habitacle n'est pas déplaisant. Avec un tableau de bord tout simple, un indicateur de vitesse, un compte-tours, il se dégage immédiatement un sentiment de familiarité. Avez-vous déjà conduit une Peugeot 307 en finition de base ? Une vieille Renault Clio, ou une Volkswagen Polo ? Tout vieux conducteur retrouvera ses marques dans une Sandero. C'est une auto comme en faisait il y a 20 ans. Mais parce qu'on est bien en 2023, et que notre voiture d'essai a le niveau de finition supérieur
Expression, les vitres sont électriques, même à l'arrière, et il y a l'air conditionné. On trouve même un GPS ! Il n'y a pas par contre les derniers gadgets électroniques, comme le régulateur de vitesse intelligent, l'ouverture électrique du hayon arrière, les radars de stationnement... Cela manquera à certains, mais d'autres se réjouiront de toutes ces absences de trucs qui peuvent tomber en panne.
Je suis convenablement assis au volant, il y a une grande bande de tissu qui fait toute la largeur de la planche de bord, et je suis heureux de trouver un accoudoir central. Il n'y en avait pas sur la dernière Dacia que j'avais essayé. Il y a plus de place que dans une Peugeot 208 ou une Toyota Yaris. Avec des dimensions de 4,09x1,79x1,50 m, la Sandero est au sommet du segment B, les formes hautes et droites de sa carrosserie aidant à maximiser son volume intérieur. Même le coffre est grand avec une capacité de 328 litres. C'est probablement le plus grand du segment. Et si on rabat les dossiers des sièges arrières, sûr qu'on doit pouvoir y mettre un lave-linge. C'est plus pratique qu'une Lamborghini 30 fois plus chère. La Dacia Sandero est même devenu plutôt sympathique à regarder, maintenant que ses designers ont choisi le blanc pour le logo de sa calandre. C'est innovant, et avec les nouveaux feux à LEDs, ce n'est pas sans charme. Et puis le nouveau logo Dacia... Avec un peu d'imagination, on peut y voir une ressemblance avec le double C du logo Chanel.
Performances et tenue de route
Je vais commencer par le mauvais, qui est que cela faisait longtemps que je n'avais conduit une voiture aussi peu performante. La Sandero est légère (1036 kg), d'accord, mais 65 ch, c'est très, très peu. Le constructeur ne le cache pas, il annonce l'accélération de 0 à 100 km/h en 16,7 secondes. Le plus gênant selon nous, est que si on veut que l'auto avance à peu près convenablement, on ne peut conduire écologiquement, c'est à dire en montant très vite les rapports supérieurs. Il faut rester sur les rapports intermédiaires, et ne changer de vitesse qu'à 4000 tr/mn. Et à la moindre côte, il faudra tout de suite rétrograder. Le moteur est cependant civilisé, il fonctionne sans les à-coups qu'avaient les premiers 3 cylindres Renault, mais il ne peut donner que ce qu'il a, et ce n'est pas grand chose. A 5000 tr/mn, il baisse le rideau. Et même bien avant sur l'autoroute. A 110 km/h, le moteur tourne à 3350 tr/mn, il faut plus de 20 secondes après avoir enfoncé l'accélérateur à fond, pour atteindre les 130 km/h. Avec la finition Expression, il y a une version turbocompressé de ce moteur (+ 25 ch et + 65 Nm de couple) pour 1300 € de plus, on ne peut que la recommander.
L'auto freine très bien. Les suspensions sont clairement orientées pour le confort. C'était le bon choix, c'était ce qu'il fallait choisir, mais on aurait quand même aimé un peu plus de contrôle des mouvements de caisse. La Sandero prend pas mal de roulis dans les virages. A priori, c'est un défaut, mais pas à la réflexion. parce qu'en étant l'une des voitures les moins chères du marché, il est probable qu'elle serve à beaucoup de jeunes conducteurs. Et de ce fait, on évitera de se plaindre de ce roulis, parce qu'il permet de situer immédiatement les limites de la voiture. Il n'y a pas d'erreur possible. C'est sain comme comportement, tout conducteur le comprend, c'est une auto qu'on peut mettre entre toutes les mains. Son confort rend aussi la Sandero très acceptable pour un long voyage, et on n'en attendait pas tant d'une auto qu'on croyait (à tort) n'être qu'une citadine. Son seul défaut (à part la faible puissance) est dans la faiblesse de son insonorisation. C'est selon nous la plus grande différence avec les autres autos du segment B, et on l'acceptera bien facilement, considérant que les concurrentes sont plusieurs milliers d'euros plus chères.
Consommation, efficacité énergétique
Le test de mesure de la consommation sur autoroute a été difficile à réaliser, parce nous n'avons pas pu maintenir une vitesse constante de 130 km/h comme nous en avons l'habitude dans nos tests. L'autoroute de Normandie n'est pourtant que très doucement vallonée, mais il y a eu un endroit où nous n'avons pas pu maintenir la vitesse de 130 km/h... Avec le moteur à 4000 tr/mn, avec peut-être 40 kg dans le coffre. J'ai relevé la valeur de 7,3 l/100 km, mais ce test n'était pas normal, demandant trop à la voiture. Je préfère donner le chiffre de 5,6 l/100 km, qui est la consommation standard pour une Sandero 65 ch, dans l'usage pour lequel la voiture a été faite, c'est-à-dire l'urbain et les petites routes départementales. J'ai ensuite comme toujours cherché à mesurer la consommation minimale, donc en roulant écologiquement, ce qui signifie ici accepter des reprises d'escargot rhumatisant, mais le résultat était tout de même bien là, puisque je n'ai consommé que 4,3 l/100 km. On notera au passage que la technologie paye, puisque j'avais refait ici exactement le même parcours, que lors de mon essai de la
Renault Austral E-Tech 200 ch, avec laquelle j'avais consommé 4,2 l/100 km. La simplicité et la légèreté ont du bon, mais pour être le plus sobre possible, il faut de la sophistication technique. Côté autonomie enfin, avec un réservoir de 50 litres, on pourra voyager.
Conclusion
La Dacia Sandero se vend très bien. On en voit partout. A la limite, ce devient un défaut. C'est la voiture de tout le monde. Dacia devrait élargir sa palette de couleurs, pour que le parc roulant ne soit pas aussi semblable. Mais si la voiture se vend si bien, c'est parce que les gens ne sont pas idiots. En finition Expression, avec le 3 cylindres turbocompressé, pour moins de 15 000 €, c'est le meilleur rapport prix/prestations du marché. Avec l'immense qualité, hélas de plus en plus rare, d'avoir une voiture simple. Sur un nombre croissant de voitures, on cherche un réglage, et il faut plusieurs minutes pour le trouver, parce qu'il est caché dans un sous-sous-menu de l'ordinateur de bord. Quand on soulève le capot, on voit des trucs qu'on ne sait pas ce que c'est ! Je soulève le capot de la Sandero, je peux identifier chaque pièce. S'il y a un problème, il sera facile à régler. J'ai le contrôle. Je pense à mon smartphone, ou à mon ordinateur, sur lesquels il y a des applications dont je ne me servirais jamais, mais parce qu'elles ont été mises en place par le fabricant, je ne peux pas les désinstaller. Les voitures sont en train de devenir comme cela. Il faut se dépêcher d'acheter des voitures comme cette Sandero pendant qu'il y en a encore.
Laurent J. Masson
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