| Ses points forts Faible consommation Présentation/finition Stabilité du chassis Maniabilité en ville Bonne autonomie |
Ses points faibles Bruit du moteur Ergonomie du levier de vitesses Google imposé Repose-mains peu agréable |
Kadjar ? Vous avez dit Kadjar ? Ce nom n'a peut-être jamais fait vibrer, et Renault a choisi de le remplacer par Austral, un nom plus évocateur d'aventures, excellent pour un SUV, même si moins international. Ou en Australie et en Afrique du Sud, Renault renommera t-il son auto la Boreal ? La première chose qui distingue l'Austral de son prédecesseur, est qu'avec une ceinture de caisse plus haute, des lignes plus droites, une calandre plus haute et plus large, l'Austral semble plus gros, et surtout plus haut de gamme. Voici une belle Renault, qui impressionnera plus les voisins que le Kadjar ne l'a jamais fait. Notre voiture d'essai était particulièrement belle, puisqu'elle était avec la finition Esprit Alpine. Cela paraît bien sûr un peu incongru de voir un badge Alpine sur un SUV, mais il va pourtant falloir s'y habituer. L'avenir nous apportera un SUV Alpine tout électrique, et en l'attendant, cette Renault Alpine est une vraie full-hybride, c'est déjà beaucoup.
C'est une Renault, l'Austral reprend donc l'excellente architecture E-Tech déjà vue sur la Captur, mais les caractéristiques physiques étant différentes, tous les composants ont été adaptés. La base thermique est un petit moteur 3 cylindre de 1,2 litres. On pense que dans la Clio E-Tech hybride, il y a un 1600, et dans cet Austral bien plus substantiel, il faut se contenter d'un 1200. La logique n'y est pas, c'est du très fort downsizing, et donc un changement de logiciel pour la gestion du système hybride. Avec évidemment un turbo (ce dont le 1600 de la Clio hybride est dépourvu), la puissance est de 130 ch, avec un couple de 205 Nm. Avec l'appoint des machines électriques, on arrive à 199 ch, et le constructeur annonce l'accélération de 0 à 100 km/h en 8,4 secondes. Un temps satisfaisant mais sans plus, vu le tarif de ce modèle avec la plus belle finition : 45 300 €. Une Megane E-Tech accélère plus fort.
Full-hybride, cette Renault Austral possède 2 machines électriques de propulsion. L'une, la plus puissante, sert à la propulsion normale de l'auto, avec ou sans l'aide du moteur essence, et une seconde qui sert principalement d'alterno-démarreur, mais qui est aussi utile pour lisser les changements de rapports, puisqu'il y a ici une boite à crabots à 4 rapports. En additionnant toutes les combinaisons, ce groupe propulseur offre 15 possibilités de transmettre une force motrice aux roues, mais au volant, on ne penserait jamais qu'il y en a autant. La batterie a une capacité de 2 kWh, ce qui est excellent, même s'il n'est pas question de pouvoir évoquer quelque autonomie avec le moteur essence coupé. Il y aura pour cela une Austral hybride rechargeable. Elle est déjà prévue, la trappe à essence en témoigne. Elle fait plus de 30 cm de long, pour permettre d'abriter une prise électrique, à côté de l'orifice de remplissage du réservoir.
Un atout de cette version non rechargeable pourtant, c'est la masse réduite. Seulement 1517 kg. C'est très peu pour un SUV hybride de 4,51 m aussi bien équipé. Il y a notamment un système 4Control Advanced qui offre 4 roues directrices. La Renault Austral est, il nous semble, la seule auto du segment à proposer cela. C'est un vrai plus pour la maniabilité en ville, puisqu'avec les roues arrières qui pivotent très légèrement, le diamètre de braquage est réduit d'un mètre, et c'est surtout un formidable gage de stabilité, et de sécurité, sur la route. Enfin, avec un réservoir de 55 litres, cet Austral E-Tech Full-Hybrid 200 Auto promet une autonomie digne d'un diesel, avec une consomation moyenne officielle de 4,6 l/100 km. Soit plus de 1000 km. C'est dire que si le nom du modèle incite à un voyage lointain, l'auto a réellement tous les moyens d'en faire.
On dit souvent que c'est la première impression qui est la plus importante, et sur ce point, l'Austral ne déçoit pas. Les designers ont fait fort. Les grands écrans de la planche de bord, de beaux sièges, oh, mais... Il y a du recyclage chez Renault. On reconnaît cette planche de bord, c'est celle de la Megane E-Tech. Bon, Peugeot le fait déjà, il va falloir s'y habituer. Des autos peuvent être totalement distinctes, mais leur tableau de bord est le même. Et comme celui-ci est réussi, passé le moment de surprise, on ne s'en plaindra pas. C'est très moderne, très lumineux, et plus proche de l'univers informatique qu'automobile. Avec Google à bord. L'écran central peut ainsi diffuser des messages genre "Configuration du profil non terminée" ou "Permanent USB logs are disabled" (oui, en anglais). Nous aurons toutefois remarqué des progrès. Lors de notre essai de la Megane électrique, nous avions constaté quelques bugs, mais c'était l'année dernière. Tout s'est bien passé avec l'Austral, il a cependant fallu passer du temps pour régler l'auto. Les rétroviseurs, par exemple. Ils bougent pour montrer le trottoir immédiat quand on enclenche la marche arrière, mais il faut les programmer pour qu'ils reviennent à leur position de départ, et non au réglage d'un précedent conducteur. Idem le siège conducteur quand on coupe le contact (il recule pour faciliter la descente).
L'ouverture du hayon est motorisée, la banquette arrière est coulissante, il y a un grand toit en verre, mais si l'équipement est réellement généreux, c'est plutôt par sa finition que l'Austral se distingue. Qualité des matières, leur assemblage, cet habitacle est beaucoup plus chic, et plus sophistiqué que, par exemple, celui d'une Toyota RAV4, ou d'une Nissan Qashqai construite sur la même plateforme. On pourra tout de même critiquer le parti pris des designers pour l'espèce de repose mains sur la console centrale. S'il était rembourré, souple au toucher, il gagnerait énormément. Tel quel finalement, on n'a pas envie de mettre sa main dessus. Au niveau de l'habitabilité, c'est là aussi tout bon, particulièrement aux sièges arrières, où des grands ont toute la place qu'il leur faut pour la tête. Quant au coffre, nous avions lu qu'il était un peu plus petit sur cette version full-hybride, qui doit accommoder une grosse batterie, mais il reste plus que satisfaisant pour les grands voyages en famille. Sa capacité est de 555 litres avec la banquette arrière en place, et de 1455 litres si elle est rabattue.
Je m'avance donc en terrain connu, puisque je retrouve la planche de bord de la Megane électrique, mais d'emblée, je vois bien que je suis dans quelque chose de plus substantiel. Le parebrise est plus large, le capot est plus visible, et j'emmène plus de volume derrière moi. Je retrouve vite le même défaut que la Megane, à savoir que la commande d'essuie-glace est trop proche de celle du levier de vitesses. Par 2 fois, j'ai voulu mettre la marche arrière, et j'ai mis les essuie-glace... Le boitier d'instrumentation est très agréable, mais alors que je commence à m'y habituer, j'en viens à regretter son manque de précision. Comme tout vieux conducteur (enfin, pas si vieux que cela...), je suis habitué à la présence d'un compte-tours. Sur une full-hybride comme ici, ce ne serait guère utile, et il y a alors à la place une sorte de potentiomètre, mais sans aucune graduation. Oui, il y a un cercle, et je suppose que lorsqu'il est coloré aux 3/4 (son maximum), cela signifie que l'auto donne 100 % de ses possibilités, mais des chiffres seraient appréciables. Dans l'autre sens aussi, puisque cela fonctionne aussi pour indiquer la puissance de regénération au freinage.
Essayer une voiture est toujours chercher ses défauts et ses qualités, je commencerai par les défauts, j'en ai trouvé 2. Le premier l'est à mes yeux, plus précisément à mes oreilles, mais il ne le sera peut-être pas pour tout le monde. Je veux parler du bruit du moteur. Cet Austral vaut 45 300 €, mais elle se contente d'un petit moteur 3 cylindres, et cette mécanique ne fait pas du tout le bruit d'une auto de ce tarif. C'est un bruit de Twingo ! Faut corriger cela... La voiture est heureusement très bien insonorisée, il faut donc éviter de rouler avec une vitre ouverte, comme je l'ai fait, mais il reste que le système hybride n'aide pas. Si j'effectue un dépassement rapide, j'accélère fort, le moteur essence démarre (s'il ne tournait pas déjà), et il fonctionne à un régime élevé. Mais quand je me rabats, je lève le pied, et sur une boite automatique normale, je monterais de suite un ou deux rapports, mais ici, sans doute parce que j'ai tiré sur la batterie, il reste à une poignée de secondes à un régime élevé. Alors on l'entend bien, et il faudra écouter de la zique pour éviter cela. J'aurais ensuite constaté que le freinage n'est pas toujours constant. C'est là malheureusement très courant sur toutes les voitures électrifiées. Quand il y a 2 systèmes de freinage, le classique et le regénératif, il n'est jamais évident de les faire parfaitement fonctionner de concert. J'aurais remarqué quelques fausses notes, mais je n'irais pas jusqu'à dire qu'elles étaient gênantes.
Car cela dit, tout le reste est excellent. Cet Austral surclasse largement la Nissan Qashqai pourtant sur la même base. Cette Renault prend moins de roulis, elle est en toutes circonstances nettement plus stable. La Nissan ayant pour elle de mailleures accélérations, et un bruit un peu plus sympathique, elle est aussi moins chère. Si vous aimez comme moi la conduite coulée rapide, l'Austral excelle sur ce registre. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, à la lecture que l'Austral avait un système 4Control Advanced. Cela fait tourner légèrement les roues arrières dans le même sens que les roues avants, sur la route. Je n'ai pas su sentir quelque action du train arrière, mais je me suis senti en confiance. En roulant à bon rythme sur des petites routes normandes, j'ai ressenti une très grande sérénité. J'étais en sécurité. Et pour une auto généreusement chaussée en 235/45R20 (des Michelin Primacy 4), l'Austral entre mes mains a toujours été confortable. Autre effet positif des 4 roues directrices, le diamètre de braquage est réduit. Dans un parking étroit, je n'aurais pas imaginé pouvoir me garer aussi facilement avec une auto de cette taille. J'aurais aussi été étonné par une certaine modestie de la puissance. Bon, il y a 200 ch sous le capot, mais... Ils sont hybrides, et cela change tout. J'ai connu le 2 litres TDI de 200 ch de beaucoup d'autos du groupe Volkswagen, c'est autrement plus nerveux que les 200 ch de cet Austral. Je repesterai enfin contre la navigation Google, qui une fois arrivé à destination, me demande de noter celle-ci. Désolé, mais j'ai autre chose à faire. Et le plus moche étant que si je veux continuer à me servir de l'écran central, je suis obligé de fermer cette fenêtre qui me demande on avis. Car elle reste à l'écran et ne part pas d'elle-même.
J'ai relevé une consommation de 5,4 l/100 km en ville, et de 6,6 l/100 km sur l'autoroute. De bonnes valeurs, mais je pensais néanmoins que l'auto pouvait faire mieux, et je décide de faire un economy run. Le parcours est de Rouen à Paris, sans prendre l'autoroute. Et cela commence mal, puisqu'à peine sorti de Rouen, le tableau de bord me prévient d'une crevaison à l'arrière droit. Il n'y a évidemment pas de roue de secours, mais un kit comprenant un gonfleur électrique, à brancher sur l'allume-cigares, avec une petite bouteille d'un liquide blanc. Cela a mis une dizaine de minutes, avec le moteur qui a tourné au ralenti presque tout le temps. Une bombe à 10 € aurait été plus écolo, et assurément moins chère. Je remets l'ordinateur à zéro et part finalement à Paris. Aux deux tiers du trajet, il y a une portion de la route limitée à 110 km/h. Je double les camions, mais je ne dépasse pas le 90, ayant une roue malade. A l'approche du périphérique parisien, les conditions de circulation changent, je regarde ma moyenne : 4,2 l/100 km. Bravo ! Je fais le plein, et avec le réservoir de 55 litres, le tableau de bord me dit que j'ai une autonomie de 1090 km. Cela fait plaisir.
J'aurais aimé qu'elle fasse un bruit plus mélodieux, j'aurais aimé qu'elle soit plus puissante, mais je ne peux qu'approuver les choix techniques des motoristes de Renault, puisqu'ils ont permis de faire une auto très sobre. Toujours moins de 6 l/100 km tant qu'on évite l'autoroute, et même moins de 5 l/100 km sur la route. On cherchera vainement une auto offrant les mêmes performances et la même habitabilité, qui soit aussi frugale. Et ce n'est pas tout, parce que cette Renault Austral se veut aussi plaisante au quotidien. Le vieux slogan Renault des voitures à vivre, le losange pourrait le ressortir pour son Austral. Le groupe propulseur E-Tech full hybride 200 est disponible dès la finition Techno, à 42 150 €, et elle permet d'éviter le grand toit panoramique en verre. C'est une affaire à étudier de très près, pour quiconque à la recherche d'un SUV familial. En France, et partout ailleurs.
