| Ses points forts Look fantastique Habitabilité exceptionnelle Faible résistance au roulement |
Ses points faibles Définition trop riche Vitres arrières fixes Modularité limitée |
Lorsqu'on essaie un nouveau modèle, on pense toujours un peu à ceux qui l'ont précédé. On essaie la Clio 5 en se souvenant de la Clio 4. C'est naturel. Et quand on essaie une voiture chinoise, on ne pense à rien, puisque tout est nouveau, ce sont des marques sans passé. Quel contraste avec ce Volkswagen ID. Buzz, où dès le premier coup d'œil, c'est une vague, un tsunami de souvenirs qui arrive à l'esprit. L'image d'un vieux T2 (la seconde génération), bicolore, grenat en bas, blanc en haut. Il y avait un matelas à l'arrière, et tout un tas de trucs et de machins dessus. Son propriétaire était un homme heureux. De quand date ce souvenir ? Je devais avoir entre 10 et 15 ans, et j'étais fou d'enthousiasme face à ce concept, que je découvrais, d'un véhicule dans lequel on pouvait vivre, et voyager en s'arrêtant où qu'on voulait, quand on voulait. C'était super cool. Ce nouvel ID. Buzz est-il toujours aussi cool, c'est ce que je veux savoir.
La fiche technique me dit que je suis en terrain connu, mais pourtant je ne reconnais rien. Oui, car cet ID.Buzz reprend l'architecture MEB (Modularer E-Antriebs-Baukasten) qu'utilise déjà la VW ID.3, et presque tous les autres électriques du groupe Volkswagen, mais la hauteur du plancher, ou la position du volant, n'ont absolument rien à voir avec ces autres autos. Cela fait réfléchir sur l'incroyable versatilité de l'architecture de VW. A partir d'une base unique, on peut faire des autos totalement différentes. C'est un gros véhicule. 1,98 m de large et 1,93 m de haut, et notre voiture d'essai est chaussée d'immenses jantes de 21 pouces. C'est selon nous une erreur. On peut choisir des jantes de 19, de 20 ou de 21, nous regrettons l'absence de jantes... De 16 pouces. Comme sur un Iveco Daily encore plus gros. Il faut penser que l'engin est vraiment large, et que s'il faut se garer dans une petite rue, il sera vraiment très facile de serrer une jante contre le trottoir.
L'auto est une propulsion dotée d'un moteur de 150 kW (204 ch), avec un couple de 310 Nm, et la batterie a une capacité utile de 77 kWh (82 kWh au total). Le courant maximal de recharge est de 170 kW, c'est dire qu'on peut passer de 5 à 80 % de charge en quelques 30 minutes, et c'est plutôt bien. Pour le domicile, l'ID. Buzz accepte un courant jusqu'à 11 kW, une recharge complète (de 0 à 100 %) dure 7 h 30, c'est très bien. On peut avoir une petite VW ID.3 avec exactement le même groupe propulseur, mais tout change ici, avec une masse à vide de 2,4 tonnes. On pourrait penser que ce soit un handicap dans la version utilitaire, mais non, sur le Transporter 6.1 diesel, le cousin de cete ID. Buzz, il n'y a pas une seule version qui offre une tonne de charge utile. Et comme on l'attend sur une auto de dernière génération, le cerveau électronique de l'auto peut se mettre à jour tout seul, il y a un système de reconnaissance vocale Hello ID, et des aides à la conduite automatisée. Des prototypes d'ID. Buzz autonomes sont déjà en test en Allemagne.
Que c'est beau ? Est-ce trop beau ? Je me suis très vite posé la question. J'ai le souvenir d'un Transporter de cinquième génération qui avait 310 000 km. C'était un véhicule agé d'à peine 18 mois que j'avais vu à une vente aux enchères. Il est parti à l'est. Les vieux Combi, les VW Transporter n'étaient pas à l'origine des engins pour rigoler. On pense aux hippies en Californie, mais ces véhicules étaient à la base des utilitaires. Des engins avec un équipement réduit à sa plus simple expression, des intérieurs tout en tôle sur les vieux, et avec du gros plastique noir sur les modèles plus récents. C'était pas joli, mais ce n'était pas le but. Je suis alors très impressionné par cet ID. Buzz et sa superbe peinture métallisée en 2 tons, et son habitacle couleur crème. Ce n'est pas moins beau que sur une Passat. Et donc, c'est cher. Le premier prix est de 59 450 €, soit quelques 8000 € de plus qu'un Volkswagen Multivan essence. Et avec des options, ma voiture d'essai vaut plus de 70 000 €.
A bord, la position de conduite ne laisse aucun doute sur le fait que l'on n'est pas dans une voiture ordinaire. On est assis bien plus haut, et l'expression monter à bord prend ici tout son sens. A chaque fois que je suis monté dans l'ID. Buzz, j'ai pensé que cela requérait un effort supplémentaire pas rapport à une voiture standard. Pour remettre les pendules à l'heure, je me suis dans la foulée assis dans une Alpine A310 (ci-dessus). Je peux alors écrire qu'il est beaucoup plus facile de s'installer à bord du minivan Volkswagen que dans la petite Alpine. Et puis la place, c'est géant ! Les minivans ont quasiment disparu du marché, ils sont pourtant fabuleux si on veut voyager en famille avec beaucoup de bagages. Au volant, on est installé comme un roi, et la banquette arrière pourrait accueillir 3 joueurs de basket-ball. Pour autant, tout n'est pas aussi parfait qu'on l'aurait souhaité.
La banquette arrière est divisée 2/3 / 1/3, elle est aussi coulissante, avec les dossiers réglables en inclinaison, mais on regrette que Volkswagen n'ait pas joué à fond la carte de la versatilité, avec une troisième rangée de sièges (il y a la place) et le tout qui aurait pu se transformer en lit. Ou au contraire, Volkswagen aurait pu jouer la carte du confort, avec des sièges avants qui pivotent à 180°, pour faire salon avec l'arrière où il y aurait eu 3 sièges arrières individuels. Les vieux Renault Espace étaient bien pensés sur ce plan. Une version à empattement long devant être lancée prochainement, notre première idée devrait avoir une concrétisation... En l'attendant, on peut déjà profiter d'un coffre absolument gigantesque. Plus d'un mètre-cube ! On peut y mettre un lave-linge. En repliant les sièges, on peut aussi y mettre la cuisinière. Mais quand Volkswagen a conçu un plancher de coffre amovible, pour faire un grand plancher plat, à hauteur de la banquette arrière repliée, on aurait préféré des sièges arrières individuels facilement amovibles.
C'est une de mes habitudes, quand j'essaie une auto, de prendre des notes à chaud. Je me gare, je sors mon ordinateur, et tout en restant au volant, je travaille une demie-heure (ou plus !) sur l'ordi. Ce fut difficile ici. On sait que sur les voitures modernes, il n'est plus possible de couper le contact. Il reste divers témoins allumés au tableau de bord. Je choisis de ne pas y prendre garde, pensant qu'ils allaient s'éteindre d'eux-mêmes au bout de quelques minutes. Ce qu'ils firent. Puis d'un coup, les portières se sont verrouillées. Et quelques minutes plus tard, l'alarme s'est mise en route. Tout cela sans que je ne fasse rien, sinon pianoter sur le clavier de mon ordinateur. Remettant le contact, je cherche à couper l'alarme par les menus de l'ordinateur de bord, mais je n'y parviendrais pas. Je trouverais cependant une parade un peu par hasard, il suffit de laisser une portière ouverte. Pour une voiture qui est par définition aussi axée sur les loisirs, il faudrait qu'il y ait un mode coupe-tout bidule électronique, pour qu'on puisse passer du temps à bord avec l'esprit libre. Comme dans le temps où cela n'existait pas, d'ailleurs je suis allé voir.
Ce VW T2 a été importé du Brésil. Oui, en France, on importe des anciennes des Etats-Unis, de belles occasions du Japon, mais aussi des autos du Brésil. Qui l'eût cru ? Par rapport à l'ID. Buzz, ce qui frappe, c'est la garde au sol considérablement supérieure. Il y a des propriétaires qui les rabaissent d'ailleurs, mais c'est dommage, c'est formidable de pouvoir rouler sur n'importe quel chemin défoncé, ou avec une ornière, sans craindre d'abîmer le véhicule. Et les pneus ! Zéro risque d'abîmer jamais une jante ! Le meilleur fut de regarder le compartiment moteur, avec l'idée qu'avec une boite à outils toute ordinaire, il doit être possible de démonter et remonter entièrement la voiture. On en est loin aujourd'hui, mais on a progressé en tout, il suffit de regarder l'épaisseur des portes. 2 doigts sur le T2, une main tendue sur l'ID. Buzz qui est aussi incroyablement plus performant, et qui a même plus d'autonomie, puisque ce T2 n'a qu'un ridicule réservoir de 25 litres. J'aurais été content de repartir avec le nouveau modèle, mais je suis nostalgique des rideaux du vieux, et j'ai encore dans la tête le bruit inimitable du vieux moteur VW à plat...
La position de conduite n'est clairement pas celle d'une voiture, j'ai plutôt le sentiment de conduire un utilitaire. Mais je suis pourtant très vite en confiance, et je constate avec joie qu'il y a aucune regénération d'énergie au levé de pied de l'accélérateur. L'auto se met en roue libre. Ouf ! Pas de gaspillage, puisqu'on ne récupère jamais 100 %, et je vais donc pouvoir optimiser ma conduite en tirant profit de chaque élan. J'en suis même rapidement estomaqué. Je me livre à un test. Sur une route droite et plane, je monte à 100 km/h, et je lève mon pied droit. 1000 mètres plus loin, j'étais encore à 83 km/h. Dans une caisse de 2,4 tonnes à vide, plus de 2,5 tonnes avec moi et mes bagages, avec d'énormes gommes de 21 pouces, et la surface frontale de 2 hippopotames l'un sur l'autre, c'est ahurissant. Je tire mon chapeau devant les ingénieurs VW qui ont travaillé à l'optimisation des roulements.
Dans les freinages, la masse se rappelle à moi, mais pas trop dans les courbes. L'ID. Buzz est stable. La position de conduite très haute m'avait fait craindre le pire, mais non. Ce n'est pas un utilitaire, l'ID. Buzz se conduit comme une grosse voiture (merci les batteries placées en bas), en étant très silencieux comme on l'attend d'un véhicule électrique. C'était une bonne idée de partir de l'architecture MEB plutôt que de chercher à électrifier un utilitaire existant. A la réflexion, les sensations de conduite sont même paradoxales. On ne s'y retrouve pas. La position de conduite très haute évoque l'utilitaire, de même le très vaste espace arrière si on retourne la tête, mais le silence de fonctionnement, et la stabilité du véhicule sont ceux d'une grosse voiture. C'est unique !
Là, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais certainement pas à un miracle, et il n'y en a pas eu. Sur l'autoroute, j'ai relevé une consommation de 26,9 kWh/100 km. Avec la batterie de 77 kWh, cela donne une autonomie de 286 km, et cela aurait pu être pire. Le plus beau étant qu'en ville, et sur des petites routes, j'ai mesuré 16,6 kWh /100 km. Ce qui laisse imaginer une autonomie de 463 km. Mais attention, pour arriver à cela, il faut rouler écologiquement, et profiter de l'élan du véhicule. Si je vois un feu orange, à 300 mètres devant moi, je lève le pied, la voiture se met en roue libre, il n'y a aucune résistance de la propulsion, et je me laisse glisser jusqu'au feu. Côté recharge, l'ID. Buzz accepte un courant jusqu'à 170 kW, et sur une borne 300 kW, j'aurais rechargé de 38 à 100 % en exactement 45 minutes. Le plus étonnant est dans l'illustration ci-dessus, où à 97 % de charge, l'ordinateur de bord indiqu'il ne faut plus que 4 minutes pour atteindre la recharge complète. Sur d'autres électriques, il faut 20 minutes pour les 4 derniers %.
Sur une voie rapide, j'avais doublé une Harley Davidson. Je me rabats et j'ai à peine le temps de le voir dans le rétro, que le motard se remet à ma hauteur, et regarde attentivement l'ID. Buzz. A l'hôtel ensuite, je me gare sur le parking qui devait être surveillé par une caméra, et je vois le patron sortir, pour venir me demander des renseignements. Je lui montre l'auto, et satisfait, il me demande si j'ai besoin de recharger. Je n'avais pas prévu, mais oui, pourquoi pas, et il va chercher une grande allonge. Merci à lui. Le lendemain, au restaurant, je me gare bien devant, peut-être qu'ils vont m'offrir l'apéro, mais non. Cela ne marche pas à tous les coups, mais je me souviendrai de l'ID. Buzz comme l'un des modèles qui a le plus attiré l'attention parmi tous ceux que j'ai conduit récemment. Plus fort, pour moi qui fréquente assidûment le milieu de la voiture ancienne, où beaucoup de gens regardent les électriques comme une curiosité malvenue, j'aurais conduit avec cette Volkswagen, l'un des très rares véhicules neufs capables d'éveiller leur intérêt. Mais je sais pourquoi. L'ID. Buzz a un truc en plus. Il n'est peut-être pas aussi cool que son ancêtre, mais il a du charisme, et c'est énorme !
