Essai détaillé Renault Scenic 87 kWh, super familiale ou super taxi
Ses points forts
Comportement routier très stable
Grand confort
Habitabilité et coffre |
Ses points faibles
Points d'ergonomie
Instrumentation limitée
Google imposé |
Historique et présentation
C'est un essai qui commence avec un à-priori positif, puisque c'est la voiture de l'année. Une cinquantaine de journalistes ont déjà essayé la Renault Scenic et elle les a convaincu. Ce n'est quand même pas rien. Et moi, je suis séduit dès le départ par la chute arrière de la ligne de toit. SUVs ou crossovers, ils ont de plus en plus des lignes rondes, pour ne pas dire molles, pour faire genre fastback, mais pas ce Scenic dont l'arrière m'évoque plutôt les breaks des années 1960. Et les breaks américains en premier. Il y a beaucoup de lignes droites, des arêtes solides. Je pense au premier Captur, à la Zoé, et à la Megane E-Tech aussi. Leurs formes étaient rondes, elles ne le sont plus, et je préfère nettement cela. C'est le nouveau style Renault, il est plus distingué selon moi.
Je vois cette Scenic comme le second modèle de la troisième génération de voitures électriques chez Renault. Après les balbutiements de la première génération (le Kangoo), la Zoé amena la seconde génération en étant la première citadine électrique moderne, et la Megane E-Tech fut la première de la troisième génération, 100 électrique cette fois, à la différence de la Zoé, qui était bâtie sur la base de la Clio. Cette Scenic n'est pas pour autant un pur produit Renault, son architecture est partagée avec Nissan, qui l'utilise sur l'Ariya. Mais c'est un bon partage, dans le sens où visiblement, on ne voit rien de commun entre les deux modèles.
Technologie
Nous avons affaire à une traction avant, comme toutes les Renault, avec une grande batterie plate logée sous l'habitacle. Il y a 2 moteurs et 2 batteries. 170 ou 220 ch (280 ou 300 Nm de couple), 60 ou 87 kWh de capacité batterie (autonomie de 430 ou 625 km). Dans cette voiture de 4,45 m, nous n'hésitons pas à demander à essayer la combinaison gros moteur et grosse batterie. Elle n'est pas visible, mais il y a un petit autocollant sur la portière pour indiquer la capacité de la batterie. Ce sera utile à la revente. La voiture accepte une recharge jusqu'à 150 kW, ce qui est moyen, mais tout de même suffisant pour permettre théoriquement de recharger de 10 à 80 % en une demie-heure. Le point fort de l'auto est assurément dans sa masse réduite. Seulement 1850 kg pour cette Scenic avec la grosse batterie, soit 300 kg de moins qu'une Volkswagen ID.4, et 275 kg de moins qu'une Peugeot e-3008. Bravo ! Il faut aussi signaler que toutes les Scenic reçoivent un chauffage par pompe à chaleur, qui est la technologie la plus efficiente. C'est un vrai plus pour ceux qui habitent dans les régions froides.
Intérieur et équipement
Ma voiture d'essai est rouge ! D'un beau rouge, très visible, mais élégant. J'ose espérer que beaucoup le choisiront. A bord, le premier sentiment est un sentiment de déjà-vu. Parce que j'ai déjà conduit la Megane E-Tech, une auto qui si elle est toute différente à l'extérieur, a le même tableau de bord avec ces 2 grands écrans. Qui est aussi semblable à celui de la Renault Austral. Je suis habitué à ce que les différents modèles d'une même marque aient la même calandre, la même face avant, il faudra peut-être s'habituer à ce qu'ils aient aussi le même tableau de bord. Repensant à la Megane E-Tech, la Scenic arrive avec une immense différence, c'est son empattement accru. Il se constate dès le dehors, par la longueur des portes arrières. Et si on les ouvre, on est de suite épatés. L'habitabilité est exceptionnelle pour une auto de 4,45 m. Le plancher plat, beaucoup d'espace pour les genoux, même le passager du milieu sera à son aise. Cette Scenic a de quoi faire un super taxi. Surtout avec une batterie de 87 kWh qui garantira 500 km d'autonomie. Sans oublier que le coffre est lui aussi plus que satisfaisant, avec un volume de 545 litres.
Mais tout n'est pas parfait pour le conducteur, et je suis stupéfait de retrouver le même sélecteur de vitesse que la Megane et l'Austral, beaucoup trop près de la commande d'essuie-glace, qui fait qu'on actionne souvent l'un pour l'autre. Comment cela a t-il pu passer les tests de validation d'ergonomie, est un mystère qui doit faire réfléchir chez Renault. Surtout que cette faille n'est pas isolée. Les poignées intérieures de porte devraient être plus creusées. On ne peut les attraper qu'avec le bout des doigts, ce qui n'est pas trop agréable. Même si elles sont mieux que les poignées extérieures d'une Tesla Model 3. Du côté des bonnes nouvelles maintenant, j'avais expérimenté plusieurs bugs avec l'OpenR (le système sous Android qui gère le grand écran central) lors de mon essai de la Megane E-Tech, mais tout s'est bien passé avec cette Scenic, ils ont été corrigés. Mais il reste que Google est totalement intégré à cette auto, et on peut se demander si c'est une bonne chose. Je suis toujours choqué, quand après avoir utilisé la navigation, je suis invité à la noter. Désolé, mais j'ai autre chose à faire.
Parce que Google, c'est du gadget. Il ne sert pas pendant la conduite, alors que les informations dont on a besoin au volant brillent par leur absence. Le grand écran face au conducteur est sous-utilisé. On sait que sur une électrique, il n'y a pas besoin de compte-tours, mais j'aurais énormément apprécié un indicateur de puissance. Pour le plus dans les accélérations, et pour la regénération dans les freinages. Parce que s'il y en a, il est stupidement limité. Il indique des valeurs de - 20 à + 40 kW. Comme si sur une voiture essence dont le moteur a son rupteur à 6500 tr/mn, le compte-tours n'était gradué que jusqu'à 3000 tr/mn. Il faudra un jour qu'on m'explique pourquoi de nombreux constructeurs considèrent que les automobilistes qui roulent en électrique ne s'intéressent pas à la conduite, et qu'un compteur de vitesse est suffisant pour eux. Pas pour moi, et je ne peux pas croire que je sois le seul. Pourquoi pas un gros compteur rond (virtuel) gradué de - 100 à + 150 kW ? Ce sera une nécessité sur les futures Alpine électriques, mais on l'aimerait aussi sur les Renault électriques. Enfin, je dois signaler que j'ai failli m'enrhumer lors de mon essai. Il faisait chaud, j'avais mis la climatisation, mais il n'est pas possible de fermer les gros aérateurs face au conducteur. J'aurais voulu de l'air frais vers le bas de l'habitacle, et j'en ai obtenu, mais je n'ai pas trouvé comment en avoir sans en recevoir aussi dans le nez.
Performances et tenue de route
Par rapport à la Megane E-Tech, l'empattement est plus long de 11 cm et avec la grosse batterie, la masse accrue de plus de 200 kg. Forcément, l'auto est moins joueuse, mais pas désagréable. Au contraire. J'aurais même été surpris que la voiture prenne aussi peu de roulis dans les virages. La Scenic n'a plus rien d'un monospace, elle vire toujours à plat, et sans que ce soit au détriment du confort. Je dirais que c'est là, la vraie supériorité des constructeurs européens plus que centenaires comme Renault, par rapport aux chinois et autres nouveaux constructeurs. Ils sont meilleurs dans les liaisons au sol. C'est si difficile de trouver le bon compromis... Parce que si les chinois ont une petite avance en terme de propulsion électrique et de gestion de batterie, ils sont plutôt en retard côté suspensions et chassis. Tant mieux pour nous, européens. Cette Scenic est très bien chaussée, avec des 205/55 R 19 sur ma voiture d'essai (des 20 pouces sont en option), mais elle est toujours très confortable.
La direction est très directe, mais on s'y fait vite, et avec ce chassis hyper sain, on est tout de suite en confiance. J'aurais d'ailleurs apprécié un peu plus de puissance. Il n'y a plus la vigueur de la Megane E-Tech qui a le même moteur, et quand certaines électriques impressionnent par leurs accélérations, tout est ici parfaitement linéaire. Le constructeur avance le temps de 8,4 secondes pour le 0 à 100 km/h, ce qui est quand même plus que convenable, mais au volant, mes sensations m'avaient fait penser à un temps moins bon. La douceur de l'électrique, cela masque la vigueur de la propulsion... Mais cette douceur se prête bien à une utilisation familiale, et en cochant aussi les cases du confort et de l'habitabilité, cette Renault a toutes les bonnes cartes en main. Maintenant, ce que j'ai préféré sur cette Scenic est la possibilité de supprimer toute regénération d'énergie au freinage. On lève le pied, et avec la très faible inertie d'une propulsion électrique, on continue à rouler encore longtemps. En gèrant bien cela, comme on en prend l'habitude une fois qu'on a adopté l'électrique, c'est comme cela que la conduite est la plus efficiente.
Consommation, efficacité énergétique
Prenant l'auto chez Renault, je vois au tableau de bord que la batterie est chargée à 100 %, avec une autonomie possible de 598 km. C'était enthousiasmant, même si cela allait se révéler optimiste, puisqu'après avoir roulé 245 km, la batterie était déchargée à 50 %. Je roulais doucement pour atteindre ma destination, et le lendemain, après une recharge complète, lente, l'ordinateur de bord était devenu encore plus optimiste, en me prodiguant une autonomie de 628 km. Mais je ne sais pas trop comment il a calculé cela, parce qu'en calculant moi-même ma consommation, je ne suis jamais descendu en dessous de 16 kWh/100. Et sur l'autoroute, sur un trajet de 100 km effectué avec le régulateur à 134 km/h, j'ai consommé 31 % de batterie (25,6 kWh/100 km d'après l'ordinateur de bord, qui est par ailleurs insuffisant, complexe à réinitialsier, et sans trajet 1, trajet 2...). Ce qui donne une autonomie autoroutière d'à peine plus de 300 km. En usage moyen cependant, hors autoroute donc, on tournera autour des 17/18 kWh/100 km, et on tablera sur une autonomie réelle très proche des 500 km, ce qui est bien. On signalera aussi que pour la recharge au domicile, le chargeur embarqué est de 7,4 kW. Un chargeur 22 kW est disponible en option, mais sauf à avoir une borne 11 kW chez soi, il est à notre avis inutile. Avec 500 km d'autonomie, les seules recharges hors domicile ne seront que des recharges ultra rapides sur l'autoroute.
Conclusion
On pouvait douter, mais à la réflexion, abandonner le format monospace pour celui d'un SUV était une bonne idée. D'abord pour l'efficacité aérodynamique, puisqu'avec moins de hauteur, il y a moins de surface frontale. Et sans pénalité côté habitabilité, ce Scenic est même un exemple pour la concurrence sur ce plan. Les familles l'aimeront autant que les taxis. Les chauffeurs comme leurs passagers. Les 843 km de mon essai m'ont paru court. Cette Scenic est une super familiale, et elle a 2 atouts importants. Le premier est d'être française. Voiture de marque française fabriquée en France (c'est malheureusement devenu rare). Le second est d'avoir un prix somme toute raisonnable. A 46 990 € avec sa grosse batterie de 87 kWh, elle est éligible au bonus de l'état (4000 € à ce jour), ce qui la rend accessible à beaucoup de familles. C'est déjà la voiture de l'année 2024, mais elle mériterait ce titre une seconde année.
Laurent J. Masson
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