Essai détaillé Peugeot E-3008, superbe pour le quotidien local, mais pas une grande routière
Ses points forts
Présentation intérieure
Profil carrosserie
Silence de fonctionnement
Qualité de finition |
Ses points faibles
Consommation élevée
Détails d'ergonomie
Propulsion utilitaire |
Historique et présentation

Ce fut la première française hybride. La
Peugeot 3008 Hybrid4 fut présentée en 2010, et commercialisée l'année suivante. Elle promettait beaucoup, et on peut écrire aujourd'hui en 2025, qu'elle aura tenu ses promesses. Mais son tort était assurément que son moteur thermique soit un diesel. Ce choix était certes pertinent pour l'époque, mais Toyota avait créé le marché avec des motorisations essence à la douceur exemplaire, tandis que les partisans du diesel se montrèrent peu entousiastes devant l'électrification. Et la 3008 Hybrid4 n'eût pas le succès escompté. Peugeot vint donc au moteur essence pour la
3008 hybride rechargeable de 2019, et aujourd'hui, la boucle est bouclée avec une 3008 zéro émission : toute électrique.


Peugeot n'a pas abandonné pour autant les technologies traditionnelles. Cette troisième génération de la 3008 propose toujours une motorisation essence, mais toutes les 3008 sont désormais électrifiées, et il n'y a plus de diesel... Alors qu'il faisait 90 % des ventes aux débuts du modèle... On a donc hybride simple, hybride rechargeable, et électrique, autonomie standard ou grande autonomie, traction avant ou traction intégrale en version bi-moteur. Notre voiture d'essai est une 3008 électrique traction avant, autonomie standard. Une auto substantiellement différente des 3008 anciennes, avec un profil moins SUV, plus crossover, avec une ligne de toit fastback. Plus élégante selon nous, mais la face avant, brutale, caricaturale, ne peut plaire autant. Il y a 2 finitions, l'Allure à 44 990 €, et la GT à 46 990 €. C'est cette dernière qui est notre voiture d'essai, avec le tableau de bord, qui est un grand écran légèrement incurvé de 53 cm.
Technologie


Essence ou électrique, Peugeot a refusé de choisir. Quand Renault a fait 2 modèles, l'Austral essence et le Scenic électrique, Peugeot a préféré n'en faire qu'un seul avec une approche multi-énergie. BMW fait de même, mais c'est toujours une mauvaise idée en ce qu'elle empêche l'optimisation de la plateforme pour une énergie. Cela se constate notamment au niveau de la masse. La Peugeot E-3008 est la plus lourde de toutes. Avec une masse de 2183 kg (avec la petite batterie d'une capacité utile de 73 kWh), l'E-3008 est plus lourde qu'une Hyundai Ioniq 5, qu'une Volkswagen ID.4 ou qu'une Renault Scenic. Cette masse accrue se paiera d'une manière ou d'une autre, comportement ou surconsommation. La machine électrique délivre une puissance de 157 kW (210 ch), avec 345 Nm de couple, et l'auto est dotée d'un chargeur embarqué AC 11 kW en triphasé, ce qui permet de faire à son domicile une recharge complète en 7 heures, tandis que sur les autoroutes, cette Peugeot acceptera un courant de recharge jusqu'à 160 kW. Ou de quoi permettre de passer de 20 à 80 % de charge en 30 minutes dans les meilleures conditions.
Intérieur et équipement


L'essai d'une nouvelle Peugeot implique une retrouvaille : l'i-cockpit. Ou un petit volant positionné bas, pour permettre la lecture des informations du tableau de bord par dessus. C'est une spécificité Peugeot, où le constructeur a progressé. Le tableau de bord est plus haut, le volant masque moins les données du bas. Et quel tableau de bord ! Comme sur les BMW, c'est un bandeau de grande largeur, très beau, très chic. Et là où Peugeot a été habile, est de l'avoir placé au dessus d'un montant courbe de pleine largeur, d'une portière à l'autre, mais marquant aussi la console centrale, habillé d'un très chic revêtement gris clair. Cela change du plastique de certaines concurrentes. Et c'est beau aussi la nuit, quand face au passager, l'éclairage indirect (LEDs) se reflète dans des tirets brillants. D'une certaine manière, c'est reposant. Et bien sûr très séduisant, cela fait forte impression. Pour l'automobiliste qui fait le tour des concessions en ne passant qu'un quart d'heure dans chacune, c'est sûr qu'il se rappellera plus de cette E-3008 que de la concurrence.


Maintenant, si on regarde les détails, tout n'est pas parfait. Le sélecteur de vitesses (marche avant/marche arrière) est au tableau de bord, alors que le sélecteur de mode (Eco, Normal ou Power) est plus accessible sur la console centrale. Il aurait été plus logique de les inverser. Les sièges avants ont des renforts latéraux au niveau des épaules qui ne me conviennent pas, ils sont trop étroits. Comme les sièges Sport en option chez BMW, j'ai les épaules trop larges. Je suis mieux assis dans une Ford Explorer. J'apprécierais aussi un accoudoir plus haut, à défaut de pouvoir le régler. Une manette à gauche du volant permet de régler la regénération d'énergie au freinage, une très bonne chose est que ce réglage est conservé après qu'on ait coupé le contact. Pas la peine de le rerégler à chaque démarrage comme d'autres autos. L'habitabilité arrière ensuite, est satisfaisante. La garde au toit surtout, est très bonne. Il est vrai que certaines concurrentes sont plus spacieuses, mais vu que Peugeot a la 5008 à son catalogue, pour ceux qui veulent plus de volume, c'est en fait le client qui choisit. Et sauf à avoir plus de 2 enfants de plus de 1,80 m, la 3008 ira très bien. Le coffre est d'ailleurs spacieux, à 520 litres. La 3008 reste la bonne familiale qu'elle a toujours été.
Performances et tenue de route


Je n'aime pas le volant. Je passe peut-être trop de temps à conduire des anciennes, avec des grands volants à jante fine, mais je ne parviens pas à me convaincre que ce petit volant, avec des méplats sur le haut comme sur le bas, et cette jante très épaisse enflée à 10h10 et 8h20 soit un progrès. C'était mieux avant ? Il y a des politiques qui le disent, mais personne ne devrait le dire s'agissant d'une automobile. Les ingénieurs travaillent dur pour faire progresser les technologies, mais je vais pourtant oser. Parce que j'avais un très bon souvenir de la 3008. Il me semble qu'elle fut le premier SUV que j'ai conduit exactement comme une berline. Elle était vive la 3008. Dynamique, on pouvait s'amuser à son volant. Ce n'est plus le cas. Tout va bien en ville, l'auto braque bien, et elle est confortable. Mais si on va sur la route, et qu'on cherche à forcer le rythme, il n'y a plus de plaisir. Une Renault Scenic est autrement plus agréable.


Il n'y a pas de mystère, c'est la masse qui change tout. Il y a 10 ans, une 3008 2 litres diesel faisait 600 kg de moins ! La 3008 essence faisait 700 kg de moins ! Même si l'auto a forci, la différence est énorme, et tout conducteur pourra la constater. Si au moins il y avait de la puissance ! Tesla et les constructeurs chinois font des électriques concurrentes avec 500 ch. Mais avec ses 210 ch pour 2186 kg, il n'y a pas de miracle. La 3008 peut toutefois mettre en avant son très grand silence de fonctionnement, assurément supérieur à la moyenne des électriques concurrentes. Une version traction intégrale, plus puissante avec un second moteur sur le train arrière est attendue pour bientôt, idem une version avec une plus grosse batterie. Mais elles seront encore plus lourdes... On appréciait les Peugeot pour leur direction précise, et leur confort à la française, cette E-3008 est venue rompre cette tradition.
Consommation, efficacité énergétique


J'ai battu un record avec cette auto. Je n'avais jamais consommé autant avec une électrique. J'ai pris l'auto avec sa batterie chargée à 100 %, et je l'ai rendu batterie à 28 %, après avoir roulé 614 km. Essai réalisé début février, je crois que la température n'a jamais dépassé les 6°, et elle était plus souvent entre 0 et 2°. Cela doit expliquer, au moins partiellement, les très fâcheuses recharges que j'ai dû effectuer. J'ai en effet rechargé 3 fois, et encore jamais à 100 %. 53,742 kWh (la batterie était déchargée à 20%, autonomie restante de 58 km), puis 37,063 kWh et enfin 36,355 kWh. Dans le détail, il m'a été impossible de consommer moins de 20 kWh/100 km, et ma moyenne ressort à un peu plus de 30 kWh/100 km. J'ai relevé 22 kWh/100 km sur un parcours tranquille, et sur l'autoroute, 28 kWh/100 km. Cette dernière valeur n'est cependant pas mauvaise. Elle prouve qu'à vitesse stabilisée, l'auto a une consommation à peu près convenable. C'est surtout sur les parcours accidentés que l'auto consomme, du fait de sa puissance modeste. Je pense que si sa puissance était double, l'auto ne consommerait pas plus. Cela, car je suis habitué à tirer le meilleur parti d'une électrique, qui est de profiter de la quasi-absence de frein moteur. Avec une électrique puissante, on accélère 3 secondes, et cela suffit pour atteindre une bonne vitesse. On peut alors lâcher l'accélérateur et profiter de l'élan. Mais pas avec cette 3008, qui exige d'accélérer fort, et longtemps. L'E-3008 est homologuée avec une autonomie WLTP de 510 km pour notre auto chaussée de jantes de 20 pouces, il nous paraît difficile d'en faire plus de 350. Ou peut-être en été ?
Conclusion


Que retenir de cet essai ? Que penser de la Peugeot E-3008, j'ai cherché plusieurs jours avant de trouver la réponse. L'E-3008 est un beau déplaçoir. Pas du tout une voiture passion, mais un très bel utilitaire. Un
daily comme disent les américains. Douce, silencieuse, et avec un bel intérieur pour impressionner un client ou une conquête, la 3008 peut plaire à beaucoup. C'est de plus une auto fabriquée en France, vendue avec le bonus de l'état. Cette Peugeot est une excellente voiture pour tous les petits déplacements du quotidien, mais pour faire de la route, c'est un drame que cette E-3008 ne parvienne à faire oublier son ancêtre, la 3008 diesel.
Laurent J. Masson
Rechercher sur ce site :
Dernières actualités de l'écologie automobile :
11-03-2025 —
Leapmotor contribue à la démocratisation du lidar — Avec la B10.
09-03-2025 —
Xiaomi pourra t-il commencer à exporter en 2027 ? — Un objectif ambitieux.
08-03-2025 —
Maserati annule sa MC20 Folgore électrique — Le constructeur se cherche encore...
07-03-2025 —
Volvo ES90, la grande Volvo est désormais électrique — Plus pour les chinois que les européens.
06-03-2025 —
Volkswagen ID.Every1, du style pour 20 000 € — Et des concessions...
05-03-2025 —
Malus occasion : le gouvernement grapille tout ce qu'il peut — Toujours, toujours taxer.
05-03-2025 —
Renault 4 E-tech : plus grande donc plus chère que la 5 — La compacte stylée zéro émission.
04-03-2025 —
Flexibilité des objectifs CO2 : Von Der Leyen tend t-elle un piège ? — Pour ne pas payer les constructeurs chinois en 2025.
03-03-2025 —
Kia EV4, un exemple d'électrique à suivre — L'intérieur aussi élégant que l'extérieur.
02-03-2025 —
Maserati, histoire d'une électrification ratée — L'autre échec de Carlos Tavares.
Nos derniers essais :
Essai détaillé Peugeot E-3008 — Superbe pour le quotidien local, mais pas une grande routière.
Peugeot ;
voiture-electrique
Essai détaillé BYD Dolphin — Elle ne devrait pas séduire que par son prix.
BYD ;
voiture-electrique