Toyota Alessandro Volta, la supercar hybride par Ital Design
L'évènement
Tous les constructeurs parlent de voitures hybrides maintenant. Il n'y a guère que Volkswagen a n'avoir aucun programme déclaré (et qui cache tout), mais tous les autres de Mercedes à Fiat en passant par les américains et Audi, font des recherches officiellement, et travaillent à différents projets. Des projets donc, parce qu'au niveau de la série, Toyota trône, avec Honda un peu en retrait, sur un piédestal dont plus personne n'envisage, ou n'a les moyens (financiers, techniques ou humains), de le faire descendre. Pour un peu, Toyota pourrait se reposer sur ses lauriers, mais ce serait mal connaître la détermination des japonais...
Pour faire tourner la roue encore plus vite, Toyota a présenté au salon de Genève un concept nouveau, la
supercar hybride. Cette voiture s'appelle l'Alessandro Volta, et au salon, elle n'était pas exposée sur le stand Toyota (au rez-de-chaussée), mais à l'étage dans le carré le plus recherché, celui des carrossiers. Car cette Toyota n'a pas été faite au Japon. Le constructeur nippon a expédié en Italie quelques trains roulants hybrides, et c'est ensuite le studio Ital Design, dirigé et fondé par Giorgetto Giugiaro, qui s'est chargé de la construction de la voiture. Ou plutôt des voitures, et ça c'est une première. Habituellement, quand un designer présente un concept-car, il s'agit d'un exemplaire unique. Ce n'était pas le cas de la Volta.
Il y avait sur le stand 2 voitures, d'abord la rouge (ci-contre), qui fut le première réalisée, c'est une maquette. C'est-à-dire que les trains roulants sont en place, mais qu'il n'y a pas d'ouvrants ni d'intérieur derrière ses vitres noires. Cétait ensuite un chassis sans carrosserie, tout en fibre de carbone, qui était exposé (ci-contre en second plan et ci-dessous en incrustation), et on trouvait à l'extrémité du stand un modèle gris, qui semblait très proche d'une voiture en état de rouler (photos du haut et ci-dessous). La voiture est une 3 places, une architecture qui a été rendu possible par l'absence de tout tunnel de transmission, et l'usage de commande
« drive-by-wire». C'est fort, parce que la voiture est une 4 roues motrices...
Les trains roulants proviennent d'un Lexus RX400h, le futur S.U.V. hybride de la marque de luxe de Toyota (commercialisation en France début 2005). Ils sont ici substantiellement modifiés puisqu'il n'y a que la puissance du moteur électrique avant à être transmise aux roues avants. A l'arrière par contre, la puissance transmise aux roues provient d'un moteur électrique et du moteur thermique (un V6 de 3.3 litres). La puissance totale de ces 3 moteurs est de 408 ch, et en terme de répartition de puissance, on a environ 25 % de la puissance qui va aux roues avants, les 75 % qui restent étant ne pouvant qu'aller aux roues arrières.
Illustration 1,
Illustration 2.
Mais cela, c'est la répartition lorsque les 3 moteurs délivrent le maximum de leur puissance. A basse vitesse, la répartition peut varier, c'est l'électronique qui commande. A 20 km/h, l'auto est en mode électrique, et ce n'est qu'une question de programmation pour qu'elle roule en mode traction, propulsion, ou traction intégrale avec la puissance divisée à parts égales entre les 2 essieux. On voit donc l'avantage de ce système par rapport à une transmission mécanique. C'est 1000 fois plus facile de répartir une puissance électrique, et le système présente un intérêt tout aussi évident en terme de packaging : c'est plus facile de loger un fil qu'un arbre de transmission ! Mais un dernier atout, c'est le poids.
Sur une berline 2 roues motrices, par exemple une Audi, l'ajout de la transmission intégrale ajoute quelques 100/120 kg à l'auto. Sans donner de chiffres, Fabrizio Giugiaro indique que cette solution est nettement plus légère. Encore que s'il était parti d'une voiture qui ne serait pas hybride à la base, il faudrait aussi compter le poids des batteries, 70 kg sur cette Volta...
Alessandro Volta est en effet le nom de cette auto, c'est celui de l'inventeur de la pile. Et si la première pensée est que ce nom serait plus approprié sur une voiture uniquement électrique, les gens de chez Toyota ont vite fait de répliquer qu'un hybride est bien plus adéquat puisque les accumulateurs ne sont pas là inertes, se contentant de se vider, mais se chargent et se déchargent en permanence. On connait le principe de la Prius...
Mais plus fort que la technique, et même si elle ne débouchait sur rien, cette Toyota Volta est un énorme pavé dans la mare. Depuis qu'il a présenté la Maserati Ghibli en ce même salon de Genève en 1966, Giugiaro symbolise le rêve automobile. Tous les ans depuis lors, ses créations (avec celles des autres stylistes italiens) ont donné à Genève le titre de salon des carrossiers. Mais on n'avait encore jamais vu le mariage entre une prestigieuse signature italiennes, une carrosserie de
supercar et une technologie hybride. Certes, il y avait déjà l'année dernière le roadster CSS (
notre article), ou la FINE-S à PAC (
notre article), mais elles sortaient toutes 2 du bureau de design de Toyota. Avec la griffe Ital Design, la Volta vaut et signifie plus. C'est aussi la plus performante des 3, de loin.
Car tout est là. Dans l'imaginaire du grand public, la voiture hybride est associée à une image de voiture compacte, pas particulièrement performante. La Volta, 250 km/h en pointe, 0 à 100 km/h en 4.06 s et 7.5 l/100 km en moyenne, avec un style qui n'a rien à envier aux plus belles Ferrari, vient renverser cela.
Mais s'il serait étonnant que cette Volta soit produite en série, l'arrivée d'une auto hybride à hautes performances (250 km/h, 0 à 100 km/h en moins de 6 s) dans la gamme Toyota est désormais... Certaine. C'est cette année 2004 que les hybrides chez Toyota vont franchir le cap des 10.000 unités produites dans le mois, et on en prévoit encore plus en 2005.
L'année prochaine en effet, les 2 voitures les plus vendues sur le marché américain seront disponibles en version hybride. Ce sera la Honda Accord au début de l'année, et la Toyota Camry à la fin de 2005 (sinon début 2006). Pour tirer les ventes, convaincre définitivement le grand public, et tous ceux qui sont sceptiques devant les actuelles Prius et Civic, il faudra un modèle phare. Ce pourrait être la Volta, ce pourrait être une prochaine Supra, on ne sait encore, mais c'est pourtant sûr que cela va venir, et que c'est pour bientôt.
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