Venturi Fetish, la première sportive électrique de série. L'exemple à suivre ?
Une super-électrique à ParisCela faisait longtemps qu'on en rêvait d'une sportive électrique ! Il y a bien eu quelques tentatives de dragsters électriques, pour prouver la puissance d'accélération de ces voitures, et il existe quelques compétitions d'amateurs de karts électriques, mais personne n'imaginait une voiture électrique capable de se mesurer aux meilleures sportives à essence. Du moins jusqu'à aujourd'hui, puisque la Venturi Fetish entend relever ce challenge. C'est le but déclaré de l'auto présentée au salon de Paris 2004, 20 après la naissance de marque, à ce même salon de la porte de Versailles.
Constructeur français, Venturi s'était fait remarquer dans les années 1980 pour avoir créé une GT à hautes performances, avant de faire faillite la décennie suivante. De cette époque, qui s'acheva avec la 300 Atlantique, il ne reste à peine que quelques éléments de suspension. Mais le chassis, constitué d'une poutre centrale en acier sur les anciennes Venturi, n'a plus rien à voir. Et c'est tant mieux. Venturi était naguère connu pour ses voitures maxi-polluantes, puisque ce constructeur avait même osé appeler un de ses modèles SPC, ce qui signifiait Sans Pot Catalytique. Ils étaient fiers de faire des voitures qui polluent ! Alors même si la législation est venu heureusement rendre ce dispositif obligatoire, il sera difficile à la vertueuse Venturi électrique d'aujourd'hui de se prévaloir du passé de la marque...
D'autant plus que cette Venturi électrique est une surprise totale. La nouvelle Venturi, la Fetish, œuvre du designer Sacha Lakic avait été présentée au salon de Genève en mars 2002 (photo ci-contre, les phares étaient différents), avec le concept d'une sportive, 100 % française, élégante mais abordable. On imaginait une auto emmenée par le 2 litres de la Renault Clio RS, avec un prix de vente dans les 35/40 000 euros. Ce projet n'aboutit pas, et resta à l'état de prototype, ce qui n'est pas un mal puisqu'il y a déjà des grands constructeurs sur ce segment. Et il fut décidé de faire une auto qui n'aurait pas de concurrence. Une auto telle que les grands constructeurs n'en font pas, une sportive électrique.
Cette nouvelle voiture est la volonté de Gildo Pallanca Pastor, l'entrepreneur monégasque propriétaire de la marque. Au salon, en chemise blanche (photo ci-contre), on l'a vu présenter l'auto à un grand patron français connu pour son engagement pour les automobiles écologiques. Il s'est défini à nous comme un
« financier de l'innovation » (bravo !), et son but avec cette Fetish est de
« faire la voiture de sport des 20 années à venir ». Beau programme. Et pour le concrétiser, matériaux nobles et techniques d'avant-garde sont au menu. Ainsi, comme sur une Formule 1, la Fetish a une coque en fibre de carbone, ce qui lui permet d'afficher un poids à vide de seulement 750 kg !
Dommage ensuite qu'elle ne marche pas à l'hydrogène, car là le plein ne rajouterait que quelques kilos, alors qu'avec les batteries, ce sont 350 kg en plus qui viennent dans la voiture. C'est lourd, mais pourtant incroyablement léger car ces batteries, des Lithium-Ion dernier cri, ne stockent pas moins de 58 kWh ! Ce qui constitue probablement un record d'énergie embarquée sous une forme électrique. Par rapport à des batteries classiques, par exemple des Champion Exide monobloc 12V (batteries couramment utilisées sur les voiturettes de terrains de golf), il faudrait 1 820 kg de ces batteries au plomb pour contenir autant d'énergie. Les batteries retenues par Venturi présenteraient même une meilleure capacité massique que celles utilisées par le couple Heuliez/Dassault pour le prototype Cleanova (voir
l'article sur le salon de Paris).
Cette grande quantité d'énergie embarquée permet à Venturi de revendiquer une autonomie record de 350 km, et c'est d'autant plus vraisemblable que les batteries Li-Ion ont un rendement considérablement supérieur à celui des batteries de technologies plus anciennes (le rapport entre la quantité d'énergie reçue de la prise de courant, et l'énergie effectivement transmise ensuite au moteur). De plus, la Fetish bénéficie d'un moteur et d'une électronique de gestion hyper sophistiquée. Mais là malheureusement, il n'y a pas beaucoup d'informations. Exactement comme au salon de Genève en 2002, le mot d'ordre sur le salon de Paris en 2004, était de ne pas révéler le nom du motoriste sous prétexte d'un accord de confidentialité.
Sur un salon où tout le monde peut savoir que l'alterno-démarreur de la Citroen C3 Stop & Start est fabriqué par Valeo, ou que la planche de bord de la belle italienne Lancia Thesis est fabriqué par l'américain Visteon, c'est plutôt maladroit. Surtout venant d'un constructeur qui a tout à prouver. Car pour l'heure, les performances annoncées (170 km/h en pointe et le 0 à 100 km/h en moins de 5 secondes), ne sont que des estimations. On peut néanmoins se montrer assez confiant sur les possibilités de la Fetish, car les fabricants de moteurs électriques puissants n'étant pas légion, on peut supposer que le moteur de cette Venturi ai déjà été employé dans un certain prototype de voiture électrique, une voiture jaune qui elle avait été chronométrée, et avait confirmée son potentiel.
D'autant plus que la Venturi a un grand atout en la personne de son ingénieur en chef, Gérard Ducarouge. Pas encore mûr pour la retraite, ce spécialiste des chassis sait déterminer où et comment placer les 350 kg de batteries dans l'auto. Ayrton Senna lui faisait confiance pour régler sa voiture (chez Lotus en 1986/87), on peut faire de même. La Venturi Fetish aura un comportement routier exemplaire ! Car même avec ses batteries, la Fetish ne pèse que 1100 kg. Très raisonnable pour une auto de 180 kW (241 ch), avec le couple immédiat que seul un moteur électrique peut offrir. Autre atout inhérent au moteur électrique, sa plage de régime immense (de 0 à 14 000 tr/mn), un avantage auquel Venturi ajoute celui d'un frein moteur réglable.
C'est grâce au système de récupération de l'énergie perdue au freinage. Un système qui, réglé à son niveau le plus récupérateur, devient carrément violent selon Gérard Ducarouge. Mais ce sont les batteries qui profitent ! Equipée d'un chargeur intégré, la Fetish a été conçu pour pouvoir s'accomoder de 2 ampérages distincts. Le premier correspond à une prise 16 A classique, le second requiert une prise spéciale de 80 A. L'avantage étant qu'avec ce courant fort, les batteries se rechargent en 3 h 30. Fabriqué en Asie du Sud-Est, ce pack de batteries est pour beaucoup dans la valeur de l'auto, dans tous les sens du terme. Car avec une fabrication à la main en toute petite série, de forts coûteux tests d'homologation, et une très chère coque en carbone (la Mercedes McLaren SLR et la Porsche Carrera GT sont les autres voitures commercialisées à avoir la même chose), la Venturi Fetish électrique est proposée au tarif de 540 000 euros (TTC, batteries incluses).
Pour être juste, on s'abstiendra de juger du prix de ce que l'on a pas les moyens de s'offrir, et le rédacteur de cet article est assez loin d'avoir un demi-million d'euros dans son budget auto, mais si la somme est élevée, force est de reconnaitre que par rapport à toutes les autres autos du monde, la Venturi Fetish a des arguments qu'aucune autre voiture ne peut se prévaloir. Son exclusivité bien sûr, mais aussi une accélération continue, fluide et sans changement de rapport, de 0 à 170 km/h, sans bruit ni pollution, mais néanmoins aussi rapide que celle d'une Porsche. Qui dit mieux ? Un grand constructeur le pourrait, mais devant leur silence, la Venturi Fetish s'impose.
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