Reportage subjectif sur l'écologie au salon de l'auto de Genève 2011

Second reportage sur le salon de l'auto de Genève, reportage subjectif.
Lisez d'abord notre reportage objectif.
Un temps, nous avions eu le sentiment que les salons de l'auto allaient devenir des concours d'écologie. Les communiqués des constructeurs ne parlaient que d'environnement. C'était à celui qui réduirait le plus ses émissions de CO2, et qui présenterait la gamme la plus verte. Ce ne fut pas le cas à Genève en 2011. Le plaisir automobile est de retour, et le luxe n'est plus un pêché. Pour en témoigner, le stand Maserati était plus grand que celui d'Alfa Romeo. Et quand certains prévoyaient que la propulsion électrique allait révolutionner le paysage automobile en l'espace de quelques petites années, le salon suisse apportait un démenti formel. Ford exposait des voitures électriques, mais sur son stand, il donnait une plus grande surface à l'arrivée en Europe de son système d'infotainment Sync. Pour le futur prévisible, l'électrique va rester cantonné aux niches du marché.

C'est d'abord les petites voitures urbaines, à l'image de la Mitsubishi i-MiEV et de ses soeurs de chez Peugeot-Citroën, de la Toyota Iq électrique ou de la nouvelle Mia. Bonne surprise ensuite, la sportive électrique se porte bien, avec un nombre de supporters croissant. Ruf, Artega (ci-contre) et Irmscher sont bien décidés à ne pas laisser tout ce marché à Tesla. On sera beaucoup plus circonspects quant au devenir de la propulsion électrique sur les modèles de grande diffusion. Aucun constructeur ne va concurrencer la Nissan Leaf dans l'immédiat. La Ford Focus électrique est dérivée de la version essence, et cette architecture inadaptée a commandée une forte réduction du volume du coffre.

Volkswagen proposera certainement bientôt une Golf électrique à quelques clients sélectionnés, mais il n'y aura pas de Golf électrique accessible à tous avant plusieurs années. On a le sentiment que tout le monde attend de voir quels seront les résultats commerciaux de Nissan avec sa Leaf, et la seule certitude pour l'heure est qu'il faudra attendre pas mal. Sur le stand Nissan en effet, il n'est toujours pas possible d'acheter une Leaf, ni même de la commander, on peut seulement mettre son nom sur une liste d'attente, et personne ne peut dire avec certitude combien de temps il faut attendre. Ceci n'est pas une bonne manière de trouver des clients. Pour la crédibilité de la voiture électrique, nous espérons que Nissan parviendra rapidement à résoudre ses actuels problèmes de production.

Pour aller plus loin, dans tous les sens de l'expression, Genève 2011 marquait le grand retour de la voiture à hydrogène. Nous en avons vu sur 4 stands (ci-dessus, Hyundai). Mais pour le présent, ce salon témoignait une fois de plus des progrès fantastiques des motorisations conventionnelles. La Volkswagen Passat BlueMotion qui ne rejette que 109 g/km de CO2, la Ford Mondeo Econetic à 114 g/km, la Citroën C4 e-HDI à 99 g/km (ci-contre), la Kia Rio diesel à 85 g/km, voici les vedettes du marché européen. Des voitures au tarif raisonnable, avec une consommation qui l'est plus encore. Parce que les voitures électriques et hybrides font rêver, mais elles suscitent encore beaucoup d'interrogations chez des millions d'automobilistes. Et beaucoup de gens se sentent alors plus en confiance à acheter une auto à technologie classique.

Le reflux des valeurs écologiques était également perceptible dans le succès de la démesure, puisque les 2 plus grandes stars du salon étaient la Ferrari FF et la Lamborghini Aventador (photo du haut). Jamais Ferrari, jamais Lamborghini, n'avaient proposé de voitures avec des moteurs d'aussi forte cylindrée ! Et la première, en dépit de sa ligne basse, est une sorte de super break 4x4. La meilleure nouvelle du salon est alors qu'à côté de ces monstres, nous découvrîmes 2 fantastiques voitures de sport aux prétentions bien plus raisonnables, alors qu'elles doivent assurément prodiguer autant de plaisir que la grosse Ferrari. La première est l'Alfa Romeo 4C (ci-dessus). Nous en attendons la version de série l'année prochaine.

Elle ferait moins de 900 kg, et son moteur est un 4 cylindres turbo de 1,75 litres. Il n'y a pas besoin de plus pour s'amuser, et cela usera nettement moins de 10 l/100 km en usage courant. Enfin, la meilleure, la plus folle, la plus cool et la plus fun, était incontestablement la Morgan Threewheeler (ci-contre). Voiture pour exhibitionniste, avec le moteur en avant de la carrosserie, elle a un bicylindre d'origine Harley-Davidson, et une masse à vide d'à peine 500 kg. Les joies que doit procurer sa conduite sont assurément immenses (rien qu'assis dans l'auto sur le stand, on rigolait), mais ce sera pourtant une auto à la consommation ultra raisonnable. Voilà la bonne nouvelle de ce salon de Genève. La révolution vers l'électrique et l'hydrogène n'est pas pour tout de suite, mais il y avait plein de belles voitures sobres, efficaces et amusantes pour les attendre.



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