Volkswagen Jetta hybride - Essai détaillé
Ses points forts
Bonnes performances
Boite de vitesses DSG efficace
Confort de marche
Qualité de construction
Habitabilité satisfaisante
Faible consommation sur l'autoroute
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Ses points faibles
Moteur électrique pas assez puissant
Coffre substantiellement réduit
GPS dépassé
Faible autonomie (réservoir de 45 l)
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Historique et présentation
Essai réalisé les 17 et 18 juin 2013.
La Jetta ou la Golf à coffre. Voilà l'origine de cette Volkswagen, mais il faut fouiller le passé pour le connaitre. La Jetta avait en effet plusieurs fois changé de nom. Elle était devenue Vento, puis Bora, puis elle avait disparue des marchés européens. Elle a pourtant continué sa carrière sans interruption aux Etats-Unis, et on a eu la surprise de la voir réapparaitre en Europe, mais ce fut une bonne surprise, puisqu'elle est venue avec une motorisation hybride. Le gros et cher Touareg mis à part, c'est la première Volkswagen hybride de série.
L'auto est très classique d'apparence, mais on souligne de suite que si la Golf en est aujourd'hui à sa septième génération, cette Jetta repose sur le plateforme de la Golf VI. Et quand on en fait le tour, il est difficile de ne pas être perplexe. Parce que le groupe Volkswagen possède de nombreuses marques, et que le client est naturellement tenté d'en comparer les différents produits. Volkswagen Jetta ou Skoda Octavia ? La Jetta a l'atout de sa motorisation hybride, mais pour tout le reste, la comparaison avec la berline tchèque est délicate. Les voitures Volkswagen sont théoriquement plus
premium que les Skoda, nous n'avons pas vu en quoi.
La technologie
Bien que Volkswagen soit un leader du diesel, c'est avec un moteur essence qu'il a choisi de développer cette Jetta hybride. Et si on s'attend à ce que la sobriété soit la première vertu d'une hybride, les performances n'ont pas été négligées, puisque le moteur essence délivre une puissance de 150 ch. C'est un 1400 turbocompressé, et il est spécifique à ce modèle. Il y a par ailleurs le 1400 turbo de 122 ch, le 1400 Twincharger de 160 ch, sans oublier le 1400 avec le déactivation de 2 cylindres que nous avions essayé dans la
Polo BlueGT, mais qui n'est pas disponible sur la Jetta. Le couple est de 250 Nm, constant entre 1600 et 3500 tr/mn, et on souligne que ce moteur est déjà compatible avec la future norme antipollution Euro 6. Avec des rejets de particules de 0,03 mg/kg, cette Jetta rejette moins de particules qu'une Prius, mais ces rejets sont tellement faibles qu'on peut les ignorer dans les deux cas. Mieux vaut songer au moteur électrique, car d'emblée, il déçoit.
Il ne fait en effet que 20 kW (27 ch), soit moins d'un cinquième de la puissance du bloc essence. Alors que dans une Prius, l'électrique fait 4/5 de la puissance de l'essence. Mais ce moteur électrique VW est beaucoup plus compact, c'est ce qui a permis de le loger entre la boite de vitesses et le moteur essence. L'architecture est donc bien différente de celles des hybrides Toyota, elle est beaucoup plus simple, et proche de celles des Honda
Integrated Motor Assist. Bon point ensuite pour la batterie, qui est une lithium-ion de 1,1 kWh de capacité. Côté boite de vitesses enfin, le groupe VW fabrique des boites à variation continue, on pense à la Multitronic d'Audi, mais il doit savoir combien ses boites désagréables avec un petit moteur. Les Audi V6 Multitronic sont agréables, mais pour aller avec ce 1400, VW a retenu son excellente DSG à 7 rapports.
Intérieur et équipement
Peugeot ne vend pas sa 301 en France, et avec Renault qui a retiré la Fluence (sauf la version électrique) de sa gemme française, les berlines 3 volumes sont rares dans l'hexagone. Elles restent pourtant avantageuses en terme de visibilité vers l'arrière, et pour tout ce qui concerne l'isolation, phonique ou thermique, une berline à coffre sera toujours supérieure à une auto à hayon. Cette Jetta reste pratique avec des dossiers de sièges arrières rabattables, mais la batterie prend énormément de place. Elle réduit le volume (374 dm3 au lieu de 510), et la modularité. C'est là qu'on voit que cette version hybride n'était pas prévue lors de la conception initiale de l'auto.
L'ambiance à bord est typiquement Volkswagen, c'est dire que si on apprécie la finition et l'assemblage sans faille, tout cela ne respire pas la gaieté. Et pas non plus la technologie hybride de l'auto. L'indicateur de puissance ressemble à un compte-tours, et le levier de vitesses est conventionnel. Si l'écran central du système d'information affiche le GPS et qu'il y a la radio, un passager ne pourra se rendre compte qu'il est à bord d'une voiture hybride. Uniquement disponible en finition
Confortline, la Jetta hybride est très bien équipée avec la climatisation automatique, idem les feux et les essuie-glaces. Nous avons aussi apprécié l'aide au stationnement avant et arrière, ainsi que le bloutouffe (comme on dit en français).
Performances et tenue de route
Démarrant en ville, la Jetta hybride se révèle immédiatement telle qu'on l'attendait. Le moteur essence se coupe et redémarre, on récupère de l'énergie dans les freinages. Tout est doux et l'auto est très convaincante. La faculté de rouler en mode électrique est par contre quasi inutile. VW dit jusqu'à 70 km/h, ou pendant 2 km, on veut bien en théorie, mais dans la pratique, dès qu'on appuie un peu sur l'accélérateur, le moteur essence démarre. Il tourne souvent d'ailleurs ce moteur, sans doute trop même, la faible puissance du moteur électrique est perceptible. Autant en reprises qu'au freinage. Voyons les reprises dans le détail.
Le fonctionnement est contraire de celui d'une Prius. Si on enfonce l'accélérateur à 90 km/h dans une Prius, la réponse est immédiate dans la première seconde, c'est la réponse du moteur électrique, mais il n'y a plus grand chose après, sinon la boite CVT qui fait hurler le moteur. Dans la Jetta par contre, en écrasant l'accélérateur à 90 km/h, la réponse dans la première seconde est médiocre, c'est celle du moteur électrique, mais à la seconde suivante, la boite DSG a rétrogradé de septième en troisième, et là, cela avance sérieux. Les 150 ch du TSI sont bien là. Volkswagen annonce le 0 à 100 km/h en 8,6 secondes, et cela correspond à nos sensations.
Il y a même un volontarisme dans ce groupe propulseur que nous ne nous attendions pas à trouver. La Jetta est très stable sur la route, et on a toujours le sentiment d'avoir une bonne réserve de puissance sous le pied. L'Allemagne est le pays des autoroutes à vitesse libre et cela se ressent dans cette Jetta hybride. Elle donne une confidence que nous n'avions jamais ressenti dans aucune hybride Toyota. Une surprise aussi est qu'elle s'est révélée très confortable. Le confort à l'allemande n'est guère réputé, mais la Jetta est pourtant nettement supérieure à la Prius sur ce plan. Sa capacité d'absorption des petites irrégularités de la chaussée est excellente.
On soulignera aussi le grand agrément de la transmission DSG, avec des changements de rapports nets et rapides, tout à l'opposé de la molesse bruyante d'une boite CVT avec un moteur de faible puissance.
Consommation, efficacité énergétique
Le tableau de bord possède un indicateur de puissance, qui indique la regénération d'énergie perdue au freinage. Nous ne connaissons pas la précision de cet instrument, mais nous avons été surpris de constater que même un freinage moyen poussait l'aiguille à son maximum. Plutôt que de faire un freinage court et fort, il vaudrait alors mieux faire un freinage moyen, long. La différence est cependant difficile à mesurer, et nous ne pouvons donner que des valeurs de consommation dans des conditions d'usage normales. Sur route à 90 km/h, nous avons ainsi mesuré 5,5 l/100 km/h. Sur autoroute à 130 km/h, cela monte à 6,1 km/h, ce qui est très bon.
Nous prenons le pari que si nous étions polonais, pays où la limitation de vitesse sur autoroute est de 140 km/h, la Jetta y serait plus sobre qu'une Prius. Mais la Jetta a failli à nos attentes en ville, où nous avons mesuré 8,1 l/100 km. C'était avec des accélérations franches qu'une Prius n'aurait pas pu suivre, mais c'est tout de même élevé pour une hybride. La Jetta paye là le manque de puissance de son moteur électrique, qui oblige le moteur essence à démarrer dès que le conducteur appuie franchement sur l'accélérateur. Nous ne doutons pas pour autant qu'il soit possible de consommer moins de 5 l/100 km sur un parcours urbain, mais cela exigera une douceur de conduite qui n'est guère naturelle. Les chiffres officiels sont de 4,4 l/100 km en urbain, 3,9 l/100 km en extra-urbain, avec une moyenne de 4,1 l/100 km, pour des rejets de 95 g/km de CO2.
Conclusion
Nous attendions une concurrente de la Prius, mais ce n'est pas vraiment ce qu'est cette Jetta, qui est une routière très sobre. Sur des parcours routiers lents, elle est un peu plus énergivore que la Prius, mais elle compense largement par un agrément supérieur. Sur un parcours autoroutier, la Jetta est supérieure à une Prius à tous les niveaux, mais elle s'incline nettement devant la japonaise sur un parcours urbain. On prendra donc l'une ou l'autre selon que l'on fasse beaucoup de ville, ou beaucoup d'autoroute. Mais il reste qu'à 30 450 € moins 3045 € de bonus de l'état, la Jetta hybride est 500 € plus chère qu'une Skoda Octavia TDI 150 ch DSG6, cela peut faire réfléchir... On se réjouit pourtant que pour la première fois, il y a une voiture hybride à moins de 30 000 € qui soit agréable et performante sur autoroute. Pour cela, on se réjouit de l'existence de cette Jetta hybride.
Laurent J. Masson
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